Québec sera plus vigilant concernant le Fonds vert
Les Québécois ont payé pour des clôtures au Gabon
Le ministre de l’environnement, Benoit Charette, n’écarte pas la possibilité de resserrer les critères du programme qui a permis le financement de l’électrification de clôtures à gorilles dans une réserve au Gabon.
Même si le gouvernement a déjà annoncé une bonification de 12 millions $ du Programme de coopération climatique internationale (PCCI) qui a financé le projet en Afrique, M. Charette assure qu’il n’est pas trop tard pour faire des ajustements.
« Le montant est confirmé, mais les modalités peuvent évoluer et pour les critères d’évaluation, c’est bien certain qu’on sera plus vigilants que les libéraux dans leur gestion du Fonds vert », a-t-il dit.
128 000 $
Le ministre réagissait ainsi à l’article de notre Bureau d’enquête dans lequel nous révélions que le Fonds vert, financé en grande partie par les automobilistes québécois, a payé 128 000 $ pour un projet d’électrification d’une réserve touristique de gorilles au Gabon.
Le projet devait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) grâce à des groupes électrogènes à énergie solaire pour remplacer des génératrices au diesel. Même si la technologie a été livrée et est utilisée, les génératrices au diesel servent toujours.
Une agriculture locale devait aussi être développée pour nourrir les gorilles, ce qui n’a pas été fait. Le ministère s’est donc retiré du projet, ce qui « rassure » M. Charette quant aux mécanismes d’encadrement.
Le ministre a annoncé en juin un grand ménage dans les programmes du Fonds vert qui sera rebaptisé le Fonds d’électrification et des changements climatiques.
Dans cette nouvelle mouture, il devrait encore y avoir un programme de la même nature que le PCCI, confirme M. Charette.
« Mais pour ce qui est des critères d’admissibilité, pour ce qui est des objectifs à atteindre, ce sont des éléments qui seront précisés dans les prochains mois », a-t-il insisté.
« PAS UN BON PROJET »
Le député du Parti québécois Sylvain Gaudreault croit aussi que ce genre de programme a une raison d’être puisque les pays du Nord sont responsables d’une grande partie des émissions de GES et se doivent d’aider les pays plus pauvres.
« Cela étant dit, il faut avoir les bons projets, et l’histoire des gorilles, ce n’est pas un bon projet.
« Quand j’ai lu l’article, j’ai été en colère, car c’est exactement ce type de projet qui brise la confiance envers la gestion du Fonds vert », a-t-il ajouté.