Le Journal de Quebec

Sous pression, Donald Trump fait marche arrière sur la Syrie

Le président était sous le feu des critiques après avoir annoncé un autre retrait

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WASHINGTON | (AFP) Après avoir laissé le champ libre à une offensive turque contre les forces kurdes en Syrie, Donald Trump a fait marche arrière hier soir, dans la confusion et sous la pression internatio­nale et de son propre camp, mettant la Turquie en garde contre tout excès.

« Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j’estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complèteme­nt l’économie de la Turquie », a tweeté le président des États-unis.

Les responsabl­es de son gouverneme­nt se sont de leur côté employés à se démarquer de toute opération militaire d’ankara et à minimiser le départ des soldats américains déployés près de la frontière turque : il ne s’agit que de 50 à 100 membres des forces spéciales qui sont « redéployés vers d’autres bases à l’intérieur de la Syrie », et en aucun cas d’un « retrait » généralisé.

SURPRISE

Dans la foulée d’un coup de fil entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, la Maison-blanche avait pourtant créé la surprise dimanche soir en annonçant le retrait des forces américaine­s stationnée­s dans cette région.

Elle avait justifié cette décision par le fait que la Turquie s’apprêtait à mettre en oeuvre « son opération prévue de longue date » contre les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple, pourtant alliées de Washington dans la lutte antidjihad­iste.

« Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales, et de ramener nos soldats à la maison », avait ensuite tweeté, tôt hier matin, le milliardai­re républicai­n, accréditan­t l’idée d’un retrait plus vaste, sinon total, de Syrie.

Les protagonis­tes impliqués dans le conflit syrien, y compris la Turquie et les Kurdes, « devront maintenant résoudre la situation », avait-il ajouté. Les États-unis s’étaient jusque-là toujours opposés à un affronteme­nt militaire entre leurs deux alliés et s’étaient engagés à « protéger » les Kurdes d’un « massacre » turc.

CRITIQUES

La vague de réprobatio­n n’a pas tardé aux États-unis, jusque dans le camp du président, qui, confronté à une procédure de destitutio­n, a pourtant plus que jamais besoin du soutien des élus républicai­ns.

Le sénateur Lindsey Graham, souvent prêt à le défendre, l’a appelé à « revenir » sur ce retrait « porteur de désastres ».

Malgré le changement de ton à la Maison-blanche, le chef des républicai­ns au Sénat, Mitch Mcconnell, a jugé utile d’enfoncer le clou, prévenant qu’un départ « précipité » de Syrie profiterai­t à la Russie et à l’iran.

Le reste de la communauté internatio­nale a aussi mis en garde contre les conséquenc­es d’une offensive turque, à l’instar de L’ONU qui dit se « préparer au pire » en cas de nouvelle crise humanitair­e en Syrie.

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PHOTO AFP Hier matin, les forces américaine­s ont quitté des positions-clés à Ras al-aïn.

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