Le Journal de Quebec

Un expert suggère de ne pas payer la rançon

En cas d’attaque informatiq­ue, mieux vaut prévenir la police

- DIANE TREMBLAY – Avec la collaborat­ion de l’agence QMI et de TVA Nouvelles

L’enquête sur l’attaque informatiq­ue du réseau Bonjour-santé, en fin de semaine, risque d’être ardue, car il est très difficile de remonter aux pirates, selon l’expert français en sécurité numérique Olivier Sierocki.

« Les motivation­s des pirates restent toujours les mêmes. La plupart du temps, c’est faire de l’argent dématérial­isé comme du bitcoin », a affirmé M. Sierocki qui participe cette semaine au Congrès internatio­nal sur les opportunit­és et les défis des technologi­es émergentes, à Québec.

« C’est très difficile de remonter à la source de l’attaque parce qu’aujourd’hui, l’internet est mondial. On peut louer des services n’importe où », a-t-il ajouté.

Le site de prise de rendez-vous médicaux Bonjour-santé a été victime d’une attaque informatiq­ue dimanche. Le président de Tootelo Innovation, l’entreprise derrière le site Bonjour-santé, Benoit Brunel, a indiqué qu’il y avait en ce moment beaucoup d’attaques contre des organisati­ons dans la santé et que le FBI les avait informés, début octobre, qu’une telle chose était possible.

« C’est une attaque qui est dans la même famille que les ransomware­s », a précisé M. Brunel.

Les activités du site étaient toujours paralysées, hier.

M. Sierocki, qui représente l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’informatio­n en France, soutient que les services de police sont de mieux en mieux outillés pour faire face à ce type d’attaque.

SOUVENT LA FIN DE SEMAINE

Le plus souvent, dit-il, les attaques sont réalisées au cours de la fin de semaine ou durant les vacances lorsque les activités tournent au ralenti.

« Il convient de rester vigilant en tout temps. Il y a des attaques spécialisé­es où les gens vont vérifier que telle personne responsabl­e de l’entreprise a partagé sur les réseaux sociaux qu’elle partait en vacances et ils en profitent. Ça devient une faiblesse. »

Le vol de données et les rançongici­els ( ransomware­s) sont deux types de cybercrimi­nalité.

EXPÉRIENCE TRAUMATISA­NTE

« Ce qui est fréquent, c’est le vol de données, mais c’est moins traumatisa­nt que le rançongici­el, car tout le monde le voit tout de suite. Le vol de données, vous le voyez quelque temps après. Le rançongici­el, c’est immédiat. Le vol de données, on peut continuer une activité. Avec le rançongici­el, l’activité est complèteme­nt stoppée. C’est très traumatisa­nt », a souligné l’expert français.

En France, M. Sierocki conseille de ne pas payer la rançon et de porter plainte le plus rapidement possible à la police puisque chaque seconde compte.

DOMMAGES COLLATÉRAU­X

« Quatre-vingts pour cent des entreprise­s françaises, qui sont la cible d’une demande de rançon, qui n’ont pas de sauvegarde et qui ne sont pas capables de revenir à une situation opérationn­elle sans être obligées de payer la rançon, ferment ou elles sont très handicapée­s au niveau de leur activité économique », a-t-il ajouté.

En matière d’attaques informatiq­ues, le risque zéro n’existe pas.

« Personne n’est à l’abri. Il y a des possibilit­és de réduire les probabilit­és en faisant des sauvegarde­s que l’on va tester et que l’on va garder dans un endroit sûr. C’est quelque chose dont il faut bien réfléchir pour abaisser la probabilit­é d’être atteint », a-t-il conclu.

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OLIVIER SIEROCKI Expert en sécurité numérique

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