Le Journal de Quebec

RONA passe au « cash »

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

La multinatio­nale américaine Lowe’s en arrache avec notre ancien fleuron de la quincaille­rie, RONA, qu’elle a acquis en 2016 pour la rondelette somme de 3,2 milliards de dollars.

Ça va mal au point où Lowe’s a dû radier 1 milliard $ au chapitre de la valeur de son investisse­ment dans le groupe RONA, aujourd’hui intégré au sein de Lowe’s Canada.

Plus d’une vingtaine de magasins corporatif­s RONA ont fermé leurs portes. De plus en plus de quincaille­ries affiliées à RONA ont quitté la multinatio­nale Lowe’s au bénéfice d’autres groupes totalement québécois.

Des rumeurs laissent présager que d’autres fermetures de magasins corporatif­s seront annoncées au fil des prochains mois par Lowe’s Canada.

Mon collègue Philippe Orfali rapportait récemment que la haute direction américaine de Lowe’s a même « débarqué » au Québec pour essayer de comprendre ce qu’il advenait de RONA, tout en visitant des concurrent­s locaux de sa filiale québécoise.

Et pour donner un gros coup de barre et tenter de freiner l’annonce de résultats financiers décevants à leurs yeux, les bonzes américains de Lowe’s ont même décidé, à la suite de leur visite au Québec, de remplacer leur homme de confiance au Canada, soit le PDG Sylvain Prud’homme.

Il dirigeait les destinées de Lowe’s Canada, depuis 2013, et de RONA, depuis son achat en 2016.

Parenthèse : officielle­ment, M. Prud’homme a « décidé » de prendre sa retraite, à 55 ans !

LES PROFITS D’ABORD

Quand un de nos fleurons tombe entre les mains d’une société étrangère, ce sont les dirigeants de cette dernière qui, depuis leur siège social à l’étranger, décident du sort de l’entreprise québécoise.

L’avenir de RONA repose entièremen­t entre les mains des dirigeants de Lowe’s, à Mooresvill­e, en Caroline du Nord. Et ce qui compte avant tout pour ces hauts dirigeants américains de Lowe’s, c’est la croissance des revenus et, surtout, la rentabilit­é des opérations.

LES GROS ACTIONNAIR­ES

Quand un investisse­ur milliardai­re comme William Ackman achète par l’entremise de son fonds de couverture pour 1 milliard $ d’actions de Lowe’s, il s’attend évidemment à ce que son placement rapporte. Même objectif pour tous les autres investisse­urs majeurs.

Quand l’entreprise voit ses bénéfices reculer, l’alerte s’allume : où doit-on couper pour redresser la situation financière… et ainsi protéger le titre contre une baisse en Bourse ?

Malheureus­ement pour nous au Québec, la haute direction de Lowe’s a identifié que son problème de recul de bénéfices venait en partie de RONA.

L’impact social d’une fermeture de magasins, la protection des emplois, les états d’âme du personnel… ont peu de poids dans les décisions d’une multinatio­nale comme Lowe’s qui cherche à redresser la situation financière de sa filiale canadienne.

Voilà pourquoi RONA passe présenteme­nt au cash !

SABIA, LE DEVIN

« Le secteur est en pleine consolidat­ion dans toute l’amérique du Nord. RONA n’était pas très bien positionné­e. La meilleure façon de protéger notre capital était de déposer nos actions », avait déclaré Michael Sabia. C’est lui qui a donné l’aval à Lowe’s pour déposer son offre d’achat sur RONA, en 2016.

Et selon la ministre de l’économie à l’époque, Dominique Anglade, la transactio­n s’annonçait « bénéfique » pour le Québec.

Quel gâchis !

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