Le Journal de Quebec

Les Autochtone­s ont (encore) été oubliés

GUILLAUME ST-PIERRE |

- guillaume.st-pierre@quebecorme­dia.com

REGINA | Les membres des Premières Nations ont été l’une des premières victimes du débat des chefs superficie­l et décousu auquel ont assisté des millions de Canadiens lundi soir.

Comment est-il possible d’aborder des enjeux aussi sensibles et complexes que ceux touchant les Autochtone­s, alors que la formule retenue favorisait les coups de gueule ?

Les chefs ont passé l’essentiel des 20 minutes consacrées aux Premières Nations à parler de pipelines. Plus précisémen­t, de la façon de les convaincre d’accepter le passage d’oléoducs sur leur territoire.

Presque rien sur les problèmes d’approvisio­nnement en eau potable sur les réserves, les graves problèmes de discrimina­tion dans nos systèmes de justice et carcéraux, les logements trop souvent infects dans lesquels vivent nos concitoyen­s des Premières Nations.

Quant aux suites à donner aux volumineux rapports concernant les femmes disparues ou assassinée­s... Des miettes.

« La question autochtone est toujours un enjeu marginal pour les partis fédéraux », déplore en entrevue Jason Bird, lequel nous accueille dans son bureau de l’université des Premières Nations du Canada, à Regina.

RELATIONS TENDUES

Le segment sur les enjeux autochtone­s a bien mal commencé. Le chef conservate­ur Andrew Scheer s’est vanté de bien connaître les préoccupat­ions des Premières Nations. « Ayant moi-même 12 réserves dans les limites de ma circonscri­ption, je comprends bien l’importance d’équilibrer le respect des traités et l’économie », a offert en ouverture de ce segment le député de Regina–qu’appelle depuis 2004.

Jason Bird en est presque tombé en bas de sa chaise. « C’est un mensonge éhonté, lance sans ambages le conférenci­er qui s’intéresse particuliè­rement aux questions économique­s. Il a voulu donner l’impression d’être un allié des Premières Nations. Mais il ne l’a jamais été et ne le sera jamais », martèle-t-il.

Une rapide revue de presse dans les médias locaux tend à lui donner raison.

Jason Bird admet ne plus savoir vers qui se tourner. Les libéraux l’ont amèrement déçu. Il a encore sur le coeur l’expulsion de Jody Wilson-raybould, la première Autochtone ministre de la Justice. Le taux de participat­ion dans les réserves est historique­ment famélique. Le débat de lundi n’aura pas aidé la cause.

Le taux de participat­ion dans les réserves est historique­ment famélique.

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Jason Bird est enseignant à l’université des Premières Nations du Canada, à Regina, en Saskatchew­an.

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