Le cri du coeur d’une victime du cancer
Une mère de famille réclame une bonification du régime de prestations en cas de maladie
Une jeune femme frappée de plein fouet par le cancer deux fois en un an lance un cri du coeur aux partis politiques fédéraux pour faire passer l’assurance-emploi de 15 semaines à un an en cas de maladie.
« Il faut que ça change. Je parle pour mon histoire, ma vie, ma famille, mes enfants. Regardez-moi. C’est à moi que vous dites non », scande haut et fort Émilie Sansfaçon, qui habite Saint-augustin-de-desmaures.
La jeune femme de 30 ans dénonce l’inaction du gouvernement fédéral dans ce dossier, les prestations de maladie n’ayant subi aucune modification depuis leur entrée en vigueur, en 1971.
L’assurance-emploi verse un maximum de 15 semaines de prestations de maladie lorsqu’une personne est incapable de travailler et qu’elle n’a pas d’assurance privée.
Dernièrement, les libéraux de Justin Trudeau se sont engagés à bonifier le régime de 15 à 26 semaines s’ils sont réélus. « Ce n’est pas suffisant, il faut un an », soutient la mère d’une fillette de deux ans et belle-maman d’un garçon de sept ans.
QUITTER SON EMPLOI
Émilie Sansfaçon l’a appris à ses dépens. À pareille date l’an dernier, elle recevait un diagnostic de cancer colorectal. Dix jours plus tard, elle se faisait retirer les deux tiers de l’intestin, en plus de subir des traitements de chimiothérapie durant six mois. « J’avais un cancer de stade 3 », dit-elle.
Elle est forcée de quitter son emploi d’adjointe administrative pour cette période. Sans assurance privée, elle s’est tournée vers l’assurance-emploi. « Et là, j’ai appris que j’avais 15 semaines. Le gouvernement te donne 15 semaines pour guérir. Mais le traitement dure au moins six mois », dénonce-t-elle.
La jeune mère a dû « réhypothéquer » sa maison, maximiser ses marges de crédit en plus de demander de l’aide financière à sa famille. « Je me suis mise dans la misère. Il faut que tu deal avec le fait que tu n’as pas d’argent qui rentre », expose-t-elle.
Moins d’une semaine après la fin de ses traitements, elle est retournée au travail. « Parce que j’avais besoin de sous. Après une chimio, habituellement, tu es censé avoir un trois mois de convalescence, pour reprendre ta concentration, retrouver une santé normale. Je ne pouvais pas », plaide Mme Sansfaçon.
UNE RÉCIDIVE CINQ MOIS PLUS TARD
Cinq mois plus tard, le malheur frappe à nouveau. Le cancer est revenu, plus fort. Stade 4. Les métastases ont atteint les poumons. Et ils sont inopérables.
Émilie est condamnée à avoir de la chimiothérapie… toute sa vie. Ses jours sont comptés. « Je ne peux plus vivre sans chimio. Je suis rendue là », admet-elle, lucide.
Les traitements, qui seront plus agressifs que les précédents, ont débuté cet automne. En arrêt de travail pour un an, elle n’aura droit encore qu’à 15 semaines d’assurance maladie.
« Pas une banque, pas une caisse ne veut te prêter de l’argent. Je suis accotée partout, plaidet-elle. Je n’ai jamais demandé d’être malade. J’ai travaillé depuis l’âge de 16 ans, je l’ai payée cette assurance-là. Et là, j’ai besoin de l’aide du gouvernement. »
La situation est d’autant plus ironique, soulignet-elle, que l’assurance-emploi permet jusqu’à 45 semaines en cas de perte de travail et 35 semaines pour les aidants naturels.
« Le gouvernement te donne 15 semaines pour guérir. Mais le traitement dure au moins six mois. » — Émilie Sansfaçon