Circulation perturbée dans la métropole
Des manifestants écolos gênent les heures de pointe
Non seulement des milliers d’automobilistes ont été pris en otage par une poignée d’écologistes grimpés sur la structure du pont JacquesCartier hier matin, mais des milliers d’autres, et peut-être les mêmes, ont subi un sort identique à l’heure de pointe du soir en raison d’une manifestation d’environ 250 personnes en plein centre-ville.
Les deux manifs ont été organisées par Extinction Rebellion, un groupe écologiste international plus radical.
« On n’arrêtera pas de se mobiliser tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas eu de changements à la hauteur de ce que la science exige, que la nature exige et que la suite du monde exige », a crié dans un porte-voix, en soirée, le metteur en scène et instigateur du « Pacte pour la transition », Dominic Champagne. Il a été chaudement applaudi.
Ce n’était rien pour se faire des amis parmi les automobilistes qui rongeaient leur frein dans le trafic. Le centre-ville a été paralysé une bonne partie de la soirée. « Je suis enragée. Je vais manquer le gala de mon fils que j’attends depuis un an », pestait Sonia Bérubé, 43 ans, à bord de son véhicule.
À 20 h, les manifestants se trouvaient toujours à l’angle Mansfield et René-lévesque. Ils étaient assis ou couchés. Certains jouaient de la musique malgré le bruit des klaxons d’automobilistes qui bouillaient d’impatience.
« Il faut maintenant déranger le quotidien parce que ce quotidien-là est en train de nous tuer », avait déclaré en matinée une des militantes, dans une vidéo captée du haut de la structure du pont Jacques-cartier.
Avec l’« effervescence » du mouvement environnemental d’une part et « l’inaction » des gouvernements d’autre part, les manifestants et coups d’éclat vont devenir de plus en plus nombreux, prédisent des groupes interrogés hier.
« DU JAMAIS-VU »
« C’est juste le début », prévient Normand Beaudet, un des membres fondateurs du Centre de ressources sur la non-violence.
« Et pas seulement par Extinction Rebellion, dit-il. Il y a une panoplie d’organisations mobilisées. »
Le milieu observe d’ailleurs un engouement grandissant pour les formations d’extinction Rebellion sur la désobéissance civile, qui sont ouvertes au public.
Depuis janvier, le groupe estime avoir rempli une salle d’une trentaine de personnes par semaine pour un total d’environ 350. Les participants y sont formés aux rudiments de la désobéissance civile, par exemple sur les façons de se faire arrêter.
« Au Québec, c’est du jamais-vu », s’exclame M. Beaudet, qui a été invité comme conférencier dans ces ateliers.
Au sein du mouvement, il existe un consensus pour que les actions restent pacifiques. « Pas de violence, pas de dommages », résume André Bélisle, de l’association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.
Cette stratégie ne fait pas l’unanimité. Les actions d’hier ont d’ailleurs attiré les foudres des automobilistes, qui trouvaient les gestes « paradoxaux », allant jusqu’à dire que les activistes feraient « reculer leur cause ».