Les propriétaires de taxis régionaux crient au complot
L’industrie est divisée relativement sur le projet de loi 17
Déçus des mesures dévoilées lundi, les propriétaires de taxis régionaux accusent le gouvernement Legault d’avoir conclu un « deal » en cachette avec Pierre Karl Péladeau pour favoriser Taxelco, dont il est devenu propriétaire en avril dernier.
« Actuellement, ce n’est pas Uber la menace, mais c’est Taxelco », a déclaré en conférence de presse le porte-parole de l’association des taxis des régions du Québec (ATRQ), Serge Lebreux, qui prétend représenter la majorité de l’industrie.
Selon L’ATRQ, les nouvelles mesures donneraient la possibilité à Taxelco, qui regroupe Taxi Diamond et Taxi Hochelaga, d’ajouter des centaines de voitures dans les rues de Montréal.
M. Lebreux a qualifié les amendements présentés lundi comme « une forme de trahison », puisqu’ils ne refléteraient pas du tout leurs dernières discussions avec le ministre François Bonnardel, qui s’étaient conclues par une poignée de main. Le porte-parole a même emprunté le mot « collusion », avant de se rétracter un peu plus tard.
UNE ANNONCE JUGÉE « INCOMPLÈTE »
« Je dirais qu’on s’est fait avoir », a résumé devant les journalistes l’ex-ministre des Transports péquiste Guy Chevrette, engagé par L’ATRQ à titre de conseiller principal. « Le ministre nous pousse vers une grève générale illimitée », a prévenu M. Lebreux.
L’ATRQ demandait à ce que le projet de loi 17 sur le transport rémunéré de personne soit amendé de façon à ce que les propriétaires de permis de taxi soient dédommagés de façon « plus équitable », soit en fonction de la valeur marchande.
Ils souhaitaient aussi que l’exclusivité des contrats gouvernementaux soit accordée à l’industrie traditionnelle du taxi, mais le ministre Bonnardel a préféré s’en tenir au transport adapté.
« Là, il faut arrêter les théories du complot », a réagi le ministre Bonnardel, avant de retourner à l’étude détaillée de son projet de loi. Le ministre nie tout traitement de faveur et dit n’avoir eu aucune rencontre avec Pierre Karl Péladeau à ce sujet dans les derniers jours.
PAS DE CONSENSUS
« C’est fort simple, il n’y a pas de consensus dans l’industrie du taxi au Québec », a constaté M. Bonnardel, qui croit que les mesures annoncées lundi constituent tout de même « un grand pas en avant ».
La veille, il disait pourtant que ses amendements faisaient « consensus dans l’industrie ».
Le temps presse, puisque la loi l’empêche de reconduire à nouveau le projet pilote d’uber, qui arrive à échéance lundi prochain. « Il faut absolument que le projet de loi soit adopté d’ici la semaine prochaine », a signalé le premier ministre François Legault, qui craint de se retrouver devant un « vide juridique » à compter de lundi.