Le Journal de Quebec

Des prêts risqués au secours d’un autre canard boiteux

Québec allonge 8 millions $ dans l’espoir de relancer une usine de l’outaouais

- SYLVAIN LAROCQUE

Un mois après avoir prêté 5 M$ à l’entreprise britanno-colombienn­e Fortress pour « assurer le maintien à court terme des activités » de son usine de cellulose de Thurso, en Outaouais, le ministre de l’économie, Pierre Fitzgibbon, a fait hier un autre chèque de 8 M$ à l’entreprise.

Cette somme n’a toutefois pas empêché Fortress de fermer temporaire­ment l’usine, lundi, ce qui a entraîné la mise à pied de plus de 320 travailleu­rs.

« Les employés, c’est certain qu’ils sont inquiets présenteme­nt », a réagi le maire de Thurso, Benoit Lauzon.

Le nouveau prêt de 8 M$ doit permettre à Fortress d’« instaurer des mesures de conservati­on » des installati­ons, le temps que celles-ci trouvent un repreneur.

Il faut dire que l’état québécois perdrait gros si l’usine devait fermer pour de bon : en plus des 13 M$ prêtés récemment, l’entreprise lui doit 106 M$.

Fortress a également reçu des subvention­s totalisant près de 40 M$ d’ottawa et 3,5 M$ du ministère québécois des Forêts.

M. Fitzgibbon justifie son interventi­on par l’importance stratégiqu­e de l’usine.

« L’écosystème forestier de l’outaouais en dépend, a-t-il dit. [...] L’autre possibilit­é, c’était de la mettre en faillite et de vendre la ferraille. L’impact social serait désastreux pour la région. »

Fortress fabrique de la pâte à dissoudre qui est notamment utilisée dans l’industrie textile.

CHUTE DES PRIX

L’entreprise explique ses difficulté­s financière­s par le différend commercial entre les États-unis et la Chine ainsi qu’une baisse de la demande en Chine, premier acheteur mondial de pâte à dissoudre.

La chute des prix de ce produit fait en sorte que l’usine de Thurso perd environ 1 M$ par semaine, selon le maire Lauzon.

Lors de l’annonce de la conversion de l’ancienne usine de pâte à papier de Thurso en usine de cellulose, en 2010, le premier ministre Jean Charest avait soutenu que la transition vers « des produits à forte valeur ajoutée [...] pourrait certaineme­nt servir d’inspiratio­n pour l’avenir de l’industrie forestière ».

Depuis le mois d’août, une banque d’affaires cherche un acquéreur pour les installati­ons.

Dans le monde, à peine une dizaine d’entreprise­s sont spécialisé­es dans la fabricatio­n de cellulose.

Parmi elles, on compte la floridienn­e Rayonier Advanced Materials, présente dans le Témiscamin­gue, et la sud-africaine Sappi, qui vient de racheter une usine à Matane.

« Je suis optimiste qu’on va y arriver parce que le prix qu’on veut pour l’usine est moins pertinent que [l’expérience des] gens qui vont l’opérer pour assurer une pérennité aux emplois », a affirmé le ministre Fitzgibbon.

« L’AUTRE POSSIBILIT­É, C’ÉTAIT DE LA METTRE EN FAILLITE ET DE VENDRE LA FERRAILLE » – Pierre Fitzgibbon

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L’usine de Thurso emploie plus de 320 travailleu­rs. Elle produit de la pâte à dissoudre, notamment utilisée dans l’industrie textile. PHOTO D’ARCHIVES, SIMON-PIER OUELLET

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