Rédemption et guérison
Là où le sang se mêle est une histoire touchante d’espoir, malgré des vies malmenées et dénaturées
Des vies brisées, malmenées et dénaturées, la pièce Là où le sang se mêle, présentée au Diamant, est aussi une histoire, fort touchante, d’espoir et de guérison.
À l’affiche, jusqu’à samedi, la pièce de Kevin Loring, produite par la compagnie Menuentakuan, va au-delà des blessures profondes subies par les gens des Premières Nations qui ont séjourné dans les pensionnats autochtones.
La où le sang se mêle, c’est l’histoire de Floyd, un survivant des écoles résidentielles, qui accepte de revoir sa fille Christine, mise en adoption, il y a 20 ans, à la suite de la mort de sa mère. Une jeune artiste en devenir qui a grandi en ville et qui retourne dans la réserve pour connaître son père biologique et renouer avec ses racines.
Floyd se tient à la taverne de son village avec Mooch le quêteux. Deux amis de longue date qui se « picossent » au fil de journées souvent bien arrosées.
La pièce, qui se déroule sur un plateau 360 degrés, met en vedette quatre comédiens issus des Premières Nations. George, le serveur, est un Québécois.
On ne voit pas souvent de théâtre autochtone dans la Vieille Capitale et cette incursion est, par son réalisme et son humanité, une belle réussite.
Le texte de Kevin Loring, traduit par Charles Bender, qui signe la mise en scène et qui joue le rôle du Quêteux, aborde avec délicatesse et franchise les blessures qui sont profondément ancrées dans la peau. Des gens qui noient leur souffrance dans l’alcool, la drogue, le jeu et la violence.
UNE INTERVENTION DIVINE
Après une mise en situation, où l’on découvre des gens mal outillés, l’arrivée de Christine permet de plonger au coeur des émotions.
Floyd a peur. Il ne se croit pas à la hauteur. Il accepte de rencontrer sa fille, mais il se défile. Ça ne se passe pas bien.
Brisé et démoli, c’est par l’entremise d’une rencontre touchante et tout à fait inattendue qu’il se retrouvera sur le chemin de la guérison.
Une intervention qui l’amènera à la rencontre de sa fille. Le face-à-face entre Marco Collin et Soleil Launière, qui personnifient Floyd et Christine, est particulièrement touchant et émouvant.
Il y a plusieurs beaux moments évocateurs, comme cette scène rappelant l’adoption de Christine, où la langue française se mélange à celle des Premières Nations.
La où le sang se mêle expose, avec humanité et sans jugement, l’héritage néfaste des pensionnats autochtones, trop souvent méconnu.