En stress post-traumatique pour une mauvaise blague
Un collègue a simulé un vol à main armée à une caissière d’épicerie
Une caissière d’épicerie a subi un stress post-traumatique qui lui a donné droit à des prestations de la CNESST après qu’un collègue eut simulé un vol à main armée pour lui faire une blague.
Suzie Rivard a été victime d’une lésion au travail après que son collègue se soit cagoulé et présenté derrière elle en laissant croire qu’il pointait une arme dissimulée dans son manteau.
À la suite des événements, la dame a subi un arrêt de travail qui a duré près de trois ans. Elle a préféré ne pas accorder d’entrevue au Journal lorsque jointe hier.
Si l’événement est survenu il y a bientôt six ans, le 6 novembre 2013, ce n’est que le 30 septembre dernier que le Tribunal administratif du travail a conclu le dossier.
L’entreprise concernée, Alimentation Lebel de La Pocatière, réclamait que le coût de l’accident de travail soit partagé entre toutes les entreprises du Québec, car elle jugeait injuste de devoir supporter seule les frais reliés à ce type de lésion professionnelle.
MANQUE DE JUGEMENT
« Une employée d’épicerie ne peut s’attendre à une blague de mauvais goût d’un collègue provoquant un stress post-traumatique. Il en va de même de l’employeur qui ne peut prévoir un tel manque de jugement d’un de ses employés. Une telle situation revêt un caractère inusité », a tranché le juge Daniel Jouis.
Le juge a aussi souligné que les circonstances du dossier étaient hors du contrôle de l’employeur et qu’il serait injuste qu’il en assume les conséquences.
CAS RARE
Il n’y a pas de doute que l’incident a mené à une blessure au travail, soit le stress post-traumatique qu’a vécu la caissière lorsque son collègue a simulé un vol à main armée.
« C’est pour établir un équilibre dans le système. Lorsqu’un employeur prétend qu’il n’est pas imputable en santé et sécurité de cet événement-là, il peut demander un partage de coûts. Ce n’est pas une activité inhérente, parce que ce n’est pas un magasin d’halloween cette affaire-là », a commenté Me Sylvain Gingras, de Gingras Avocats.
« Oui, c’est rare, mais c’est un droit que l’employeur a, de demander ce partage-là », a-t-il ajouté.