Le Journal de Quebec

En stress post-traumatiqu­e pour une mauvaise blague

Un collègue a simulé un vol à main armée à une caissière d’épicerie

- STÉPHANIE GENDRON

Une caissière d’épicerie a subi un stress post-traumatiqu­e qui lui a donné droit à des prestation­s de la CNESST après qu’un collègue eut simulé un vol à main armée pour lui faire une blague.

Suzie Rivard a été victime d’une lésion au travail après que son collègue se soit cagoulé et présenté derrière elle en laissant croire qu’il pointait une arme dissimulée dans son manteau.

À la suite des événements, la dame a subi un arrêt de travail qui a duré près de trois ans. Elle a préféré ne pas accorder d’entrevue au Journal lorsque jointe hier.

Si l’événement est survenu il y a bientôt six ans, le 6 novembre 2013, ce n’est que le 30 septembre dernier que le Tribunal administra­tif du travail a conclu le dossier.

L’entreprise concernée, Alimentati­on Lebel de La Pocatière, réclamait que le coût de l’accident de travail soit partagé entre toutes les entreprise­s du Québec, car elle jugeait injuste de devoir supporter seule les frais reliés à ce type de lésion profession­nelle.

MANQUE DE JUGEMENT

« Une employée d’épicerie ne peut s’attendre à une blague de mauvais goût d’un collègue provoquant un stress post-traumatiqu­e. Il en va de même de l’employeur qui ne peut prévoir un tel manque de jugement d’un de ses employés. Une telle situation revêt un caractère inusité », a tranché le juge Daniel Jouis.

Le juge a aussi souligné que les circonstan­ces du dossier étaient hors du contrôle de l’employeur et qu’il serait injuste qu’il en assume les conséquenc­es.

CAS RARE

Il n’y a pas de doute que l’incident a mené à une blessure au travail, soit le stress post-traumatiqu­e qu’a vécu la caissière lorsque son collègue a simulé un vol à main armée.

« C’est pour établir un équilibre dans le système. Lorsqu’un employeur prétend qu’il n’est pas imputable en santé et sécurité de cet événement-là, il peut demander un partage de coûts. Ce n’est pas une activité inhérente, parce que ce n’est pas un magasin d’halloween cette affaire-là », a commenté Me Sylvain Gingras, de Gingras Avocats.

« Oui, c’est rare, mais c’est un droit que l’employeur a, de demander ce partage-là », a-t-il ajouté.

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