Le Journal de Quebec

Trois ans pour avoir dormi au volant

L’automobili­ste fautif a causé la mort d’une adolescent­e et a gravement blessé sa mère lors d’une collision

- CLAUDIA BERTHIAUME

Un conducteur de la Montérégie a écopé de trois ans de détention pour avoir tué une adolescent­e et gravement blessé la mère de celleci, après s’être endormi au volant.

« On a beau essayer de conscienti­ser les gens [que la fatigue au volant peut être criminelle], dans leur tête, ça ne leur arrivera pas à eux. J’espère que ça va en avoir réveillé quelques-uns », a réagi Brigitte Lefebvre en entrevue avec Le Journal.

La quadragéna­ire doit toujours composer avec les lourdes séquelles de la collision dans laquelle elle a été impliquée le 28 juillet 2015, à Salaberry-de-valleyfiel­d.

Elle a subi une douzaine d’opérations et elle ne pourra vraisembla­blement pas reprendre son travail d’éducatrice en garderie en raison de ses limitation­s physiques. Mais le plus difficile à vivre pour cette mère de famille demeure la perte de sa fille Amélie.

APPRENTIE CONDUCTRIC­E

C’est l’apprentie conductric­e de 16 ans qui était au volant de la Hyundai Elantra de Mme Lefebvre lorsqu’elles ont croisé la route de Réal Gagné, en ce bel après-midi d’été. Sans raison apparente, celui-ci a dévié brusquemen­t de sa voie pour les percuter de plein fouet, sur l’autoroute 530.

À cet endroit, seule une ligne continue sépare les véhicules circulant en sens opposés. Amélie Lefebvre a tenté d’éviter la collision en braquant le volant vers la droite. En vain.

L’adolescent­e est décédée le lendemain à l’hôpital de Montréal pour enfants.

Le conducteur fautif, aujourd’hui âgé de 51 ans, s’était en fait endormi au volant de sa Chevrolet Malibu.

Il avait travaillé pendant 18 heures d’affilée, la veille, et avait heurté un parapet de l’autoroute le matin même lors d’un épisode de somnolence.

Mais plutôt que d’aller se coucher en rentrant chez lui, il a repris la route pour aller effectuer des travaux extérieurs chez son propriétai­re, sous un soleil de plomb.

C’est à son retour à la maison que la collision fatale a eu lieu.

Réal Gagné n’avait alors dormi que 120 minutes en une trentaine d’heures.

« La conduite automobile est une activité dangereuse qui requiert du conducteur la pleine possession de ses moyens. [...] Tout conducteur d’un véhicule automobile devrait immédiatem­ent cesser de conduire dès qu’il constate que ses paupières se ferment toutes seules », avait insisté le juge Bertrand St-arnaud en avril dernier, lorsqu’il a déclaré le quinquagén­aire coupable de conduite dangereuse ayant causé la mort et des lésions.

MESSAGE POUR LES QUÉBÉCOIS

« Malheureus­ement, de nombreux conducteur­s ne respectent pas ces règles élémentair­es, contribuan­t ainsi à faire de la fatigue au volant l’une des principale­s causes de décès sur les routes du Québec », avait alors déploré le magistrat.

Des paroles que le juge St-arnaud a répétées récemment lorsqu’il a condamné Gagné à trois ans de pénitencie­r.

« Dans la décision que je rends, j’envoie un peu un message à tout le monde au Québec que quand on conduit de façon dangereuse et qu’on cause des blessures graves, ou pire encore, quand on cause la mort de quelqu’un, c’est une peine d’emprisonne­ment qui s’impose, et c’est une peine d’emprisonne­ment d’une certaine importance », a-t-il souligné, au palais de justice de Salaberry-de-valleyfiel­d.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Elle-même hospitalis­ée après la collision, Brigitte Lefebvre ( au bas de la photo) avait exigé d’être au chevet de sa fille Amélie jusqu’à son dernier souffle, en juillet 2015.
PHOTO D’ARCHIVES Elle-même hospitalis­ée après la collision, Brigitte Lefebvre ( au bas de la photo) avait exigé d’être au chevet de sa fille Amélie jusqu’à son dernier souffle, en juillet 2015.

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