« Affrontement historique » entre Trump et le Congrès
Duel politique explosif à l’approche de la présidentielle
WASHINGTON | (AFP) En refusant de coopérer à l’enquête en vue d’une procédure de destitution contre Donald Trump, la MaisonBlanche a plongé les États-unis dans une situation inédite : un « affrontement historique » entre le Congrès et l’exécutif qui, au-delà de la bataille juridique, provoque un duel politique explosif à l’approche des élections de 2020.
« Il s’agit d’un affrontement historique », juge Chris Edelson, professeur de sciences politiques à l’american University de Washington.
Avant Donald Trump, seuls trois présidents ont fait l’objet d’une procédure en vue d’une destitution. Et cette fois, le clash constitutionnel est spectaculaire.
« ENQUÊTE PARTISANE »
En dénonçant une « enquête partisane et anticonstitutionnelle », l’avocat de la Maison-blanche Pat Cipollone a annoncé hier que Donald Trump ne coopérerait pas avec les investigations des démocrates.
« La Constitution établit clairement que la Chambre peut mener sa procédure de destitution contre Trump de la façon dont elle l’entend », a rétorqué Laurence Tribe, professeure de droit constitutionnel à Harvard, dans les pages du USA Today.
Dans une procédure de destitution, la Chambre des représentants enquête, puis vote une mise en accusation ( impeachment), avant que le Sénat ne mène le « procès » sur la base de cette « inculpation ».
Les républicains déplorent notamment que les démocrates de la Chambre n’aient pas organisé de vote pour marquer formellement l’ouverture de l’enquête.
Mais « rien dans les règles de la Chambre ne requiert » une telle résolution, écrivait récemment Frank Bowman, professeur de droit à l’université du Missouri.
TACTIQUES DE NIXON ?
En « refusant de coopérer », Donald Trump adopte une stratégie qui « rappelle certaines des tactiques de [Richard] Nixon », estime Chris Edelson.
« L’approche de Trump va cependant plus loin », selon M. Edelson, « car elle semble dénoter une tentative plus coordonnée pour refuser globalement de coopérer [...] ».
La bataille promet de rapidement se transformer en féroce combat juridique.
« Aucun tribunal sensible aux principes les plus élémentaires de séparation des pouvoirs ne pourrait sérieusement envisager de permettre à la Maison-blanche de s’immiscer dans les affaires » du Congrès, estime Laurence Tribe.