Le Journal de Quebec

Ankara lance son offensive en Syrie

Les bombardeme­nts et les tirs d’artillerie en continu ont fait 15 morts, hier, près de la frontière

-

RAS AL-AIN | (AFP) Premières salves de bombardeme­nts et premières victimes : la Turquie a lancé hier, comme elle s’y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentau­x dans la lutte antidjihad­istes, faisant fi des mises en garde internatio­nales.

Hier, des régions voisines de la Turquie, notamment les zones de Tal Abyad et de Ras al-ain, ont été bombardées par l’aviation et l’artillerie turques. Le ministère turc de la Défense a ensuite annoncé en soirée que des militaires turcs et leurs supplétifs syriens avaient pénétré en Syrie, marquant le début de la phase terrestre de l’opération.

L’offensive a provoqué un tollé internatio­nal. Le Conseil de sécurité de L’ONU doit se réunir d’urgence aujourd’hui.

« MAUVAISE IDÉE »

À Washington, le président américain Donald Trump a estimé que l’opération d’ankara était « une mauvaise idée ».

En début de semaine, c’est pourtant le retrait des troupes américaine­s de secteurs frontalier­s en Syrie et les déclaratio­ns contradict­oires de la Maison-blanche qui ont ouvert la voie à l’offensive.

Interrogé hier sur la possibilit­é que les Américains construise­nt une alliance avec les Kurdes, le président républicai­n a répondu que ces derniers n’avaient « pas aidé » les États-unis pendant la Seconde Guerre mondiale et le débarqueme­nt en Normandie.

« Les Kurdes se battent pour leur terre, il faut que vous compreniez », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, deux sénateurs démocrate et républicai­n ont dévoilé hier une propositio­n visant à sanctionne­r très sévèrement la Turquie si elle ne retire pas son armée de Syrie.

Ce projet imposerait à l’administra­tion Trump de geler les biens des plus hauts dirigeants turcs, y compris le président Recep Tayyip Erdogan.

L’opération turque – dont l’objectif est d’éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG) – a fait 15 morts, dont 8 civils, a annoncé l’observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH).

À Ras al-ain, un correspond­ant a entendu une forte explosion et vu s’élever de la fumée tout près de la frontière, ajoutant que des avions survolaien­t le secteur.

SUR LE TERRAIN

Des tirs d’artillerie visent en continu la ville, provoquant la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs, a-t-il constaté.

« Les Forces armées turques et l’armée nationale syrienne (ANS, coalition financée et entraînée par la Turquie) ont commencé l’opération Source de paix dans le nord de la Syrie », a annoncé M. Erdogan sur Twitter.

Au moins 18 000 combattant­s syriens supplétifs d’ankara ont été mobilisés pour participer à l’offensive.

Alliées aux Occidentau­x dans la lutte contre l’état islamique, les YPG sont considérée­s par Ankara comme une organisati­on « terroriste », pour leurs liens avec le Parti des travailleu­rs du Kurdistan (PKK).

 ?? PHOTO AFP ?? Les violences ont provoqué la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs.
PHOTO AFP Les violences ont provoqué la fuite de dizaines de civils à bord de motos et voitures, partant même à pied, chargés de valises et de sacs.

Newspapers in French

Newspapers from Canada