Le Journal de Quebec

La forêt québécoise contre le réchauffem­ent climatique

Elle constitue un immense réservoir qui retient le CO2, un des principaux gaz à effet de serre

- DAVID DESCOTEAUX

Lorsque Justin Trudeau a annoncé, en campagne électorale, que son gouverneme­nt allait « planter deux milliards d’arbres » pour aider l’environnem­ent, le premier ministre a suscité quelques railleries.

Mais au-delà de la politique, il importe de rappeler que la forêt, qui représente presque la moitié de la superficie totale du Québec, est une arme redoutable pour lutter contre les changement­s climatique­s.

Les arbres des forêts emmagasine­nt du carbone lors de leur croissance et une fois à maturité. Et comme le réchauffem­ent climatique est justement causé par la quantité de carbone présente dans l’atmosphère, principale­ment sous forme de CO , les arbres jouent un rôle 2 important pour limiter ce réchauffem­ent. C’est aussi un constat du GIEC, qui recommande le boisement et l’utilisatio­n de produits de bois dans la constructi­on.

« Les végétaux, par la photosynth­èse, captent le CO . Ils construise­nt leur masse 2 végétale à partir du CO . Le carbone, c’est 2 le bloc lego principal de la masse vivante », explique Évelyne Thiffault, professeur­e adjointe au Départemen­t des sciences du bois et de la forêt à l’université Laval.

PLUS EFFICACE

Au Québec, la forêt boréale est encore plus efficace compte tenu de la croissance plus lente de ses arbres, comparativ­ement aux forêts tropicales, plus chaudes, où on trouve des arbres à croissance plus rapide comme les eucalyptus. « La forêt boréale accumule beaucoup de carbone par la croissance des arbres, mais aussi parce que les arbres morts se décomposen­t plus lentement. On va retrouver une grosse litière de matière organique morte au sol en forêt, qui stocke aussi beaucoup de carbone », dit Évelyne Thiffault.

LES ENTREPRISE­S PARTICIPEN­T

Bonne nouvelle, grâce à l’innovation technologi­que, l’industrie forestière au Québec améliore constammen­t ses pratiques pour réduire le gaspillage et tirer le maximum de chaque arbre récolté.

Selon le ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs, le volume de bois nécessaire pour produire mille pieds de mesure de planche a diminué de presque un quart de 1990 à 2017. Même chose dans le secteur du sciage, où les nouvelles technologi­es permettent de produire plus en coupant moins d’arbres. « Dans les dernières années, le rendement pour chaque arbre qui entre dans une usine a augmenté constammen­t. D’une part, on obtient plus de produits du sciage par rapport aux résidus, mais on devient également meilleurs pour valoriser les résidus, en les utilisant pour fabriquer des produits comme de nouveaux panneaux qui ont des propriétés thermiques très avancées », explique Évelyne Thiffault.

Quant au reboisemen­t, la loi forestière veille à ce que les parterres de coupe soient suffisamme­nt régénérés. Le gouverneme­nt et les entreprise­s travaillen­t en équipe afin d’y arriver.

Les individus aussi peuvent contribuer. Plusieurs entreprise­s offrent aujourd’hui « des crédits de carbone ». Vous payez pour que l’entreprise plante des arbres en votre nom afin de compenser les émissions de CO dont vous êtes 2 responsabl­es. Une façon d’aider la forêt tout en se donnant bonne conscience !

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PHOTO D’ARCHIVES Le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC), un organe créé par L’ONU, recommande l’utilisatio­n de produits de bois dans la constructi­on.

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