Un monde à découvrir
Le MNBAQ consacre une rétrospective à COZIC
Pour une rare fois dans un musée, on peut toucher, caresser, et même humer des oeuvres. L’exposition rétrospective consacrée au duo d’artistes COZIC au Musée national des beauxarts est à l’image de la colossale carrière de Monic Brassard et Yvon Cozic : flamboyante, hors norme et fort réjouissante.
Le couple, ensemble depuis 50 ans, s’est rencontré au milieu des années 60 à l’école des beaux-arts de Montréal. La chimie a opéré, autant sur le plan personnel qu’artistique. Et le duo en est venu à questionner sa « formation académique » et les codes établis.
« Pourquoi la sculpture n’était jamais colorée ? Pourquoi la couleur était réservée à la peinture ? Pourquoi il y avait des matériaux nobles et d’autres qui n’étaient pas nobles ? On voulait faire une réflexion sur les diktats de l’art à cette époque », raconte Monic Brassard, qui était présente hier au dévoilement de la rétrospective avec son complice des cinq dernières décennies.
C’est ainsi que le duo s’est mis à travailler à quatre mains pour créer, pendant cinq décennies, des oeuvres avec du métal, du bois, de la peluche, du carton, du styromousse, autant de matériaux qu’on trouve rarement dans un musée des beaux-arts.
Bousculer sans cesse les codes est devenu la signature de ce duo qui s’inscrit dans la première génération d’artistes contemporains québécois.
« Les oeuvres sont difficilement classables, estime la directrice des collections Annie Gauthier. Elles n’appartiennent à aucun mouvement. » Le musée rend ainsi hommage à 50 ans d’audace. « Des artistes vivants à qui on donne une aussi grande superficie, c’est un privilège. On est flattés, c’est évident », s’est réjoui Monic Brassard.
LE VISITEUR INTERPELLÉ
COZIC transgresse aussi les règles d’exposition, puisqu’il est nécessaire, parfois, de toucher certaines oeuvres, ce qui est interdit dans les musées. Comme Surface à caresser (1971), un grand carré rouge en peluche, qui se trouve au début du parcours chronologique et qu’il nous est permis de flatter.
Certaines oeuvres présentées ont aussi des odeurs, tandis que d’autres, comme l’impressionnante Mascarade (1999-2016), nous regardent, inversant ainsi les rôles habituels avec le visiteur. Cette dernière est une grande fresque composée de fonds de boîtes de carton troués qui forment un visage, une autre démonstration brillante de l’utilisation d’un matériau dit peu noble.