L’homme gémeau ne touche pas sa cible
Ang Lee et Will Smith deviennent les victimes de la technologie
Ang Lee voulait que L’homme gémeau soit une éclatante démonstration des possibilités technologiques du cinéma.
Avec L’histoire de Pi (2012), le cinéaste a découvert les joies de la 3D. Avec Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn (2016), il s’est essayé, en plus de la 3D, à un tournage en 4K, à 120 images par seconde au lieu du standard des 24 images utilisées. Il réitère ici l’expérience, se servant de Will Smith comme cobaye et introduisant un double de l’acteur, créé en images de synthèse et non en captation de mouvements. Et quelle meilleure manière de le faire qu’avec un film d’action ?
Malheureusement, le visionnement organisé par les studios Paramount était… en 2D, ce qui, convenons-en, enlève toute possibilité d’admirer les avancées technologiques promises. Alors, que reste-t-il de cet Homme gémeau, une fois dépouillé des artifices visuels tant attendus ?
SYNOPSIS
Le film suit la trajectoire de Henry Brogan (Will Smith), un tireur d’élite travaillant pour le gouvernement américain. Meilleur de sa profession, il est capable d’assassiner un homme assis dans un train en marche… à deux kilomètres de distance. La scène en question, qui ouvre le long métrage, est impressionnante en soi, même en 2 D. On sent qu’ang Lee prend son temps, s’amuse, et qu’il veut habituer le spectateur à la perfection visuelle et technique des images. Et oui, cela fonctionne relativement bien, même sans relief et sans la cadence élevée.
PRÉVISIBLE
Le scénario, signé par six auteurs, dont David Benioff ( Le trône de fer) et Andrew Niccol ( Bienvenue à Gattaca), se délite ensuite dans les méandres trop prévisibles d’un film d’action-espionnage comme il en existe des centaines d’autres. Ainsi, Brogan est pourchassé par ses propres supérieurs qui souhaitent l’occire avant qu’il ne prenne sa retraite. Avec l’aide de Danny (Mary Elizabeth Winstead), également agente du gouvernement, Brogan va tenter d’échapper à son poursuivant, baptisé Junior, version plus jeune de lui-même.
Pour une création entièrement numérique, le Junior en question n’est pas mal du tout. Le cinéphile demeure surpris de la qualité de ce clone de cinéma, même si le rendu des lèvres et du bas du visage laisse encore à désirer.
En format « normal », les scènes d’action opposant les deux hommes – notamment celle de la poursuite à moto en plein jour, qui doit être éblouissante lorsqu’elle est projetée dans le format prévu – n’offrent rien d’exceptionnel. Le reste du long métrage ne lève pas plus et le cinéphile assiste, passif, à une succession de poursuites et d’affrontements maintes fois présentés dans des films bien plus enlevants.
Dommage pour la technologie !