Le Journal de Quebec

À propos de la froideur de certaines mères

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Mon Dieu que je me suis retrouvée dans l’une des lettres publiées dans votre chronique de ce matin. Celle portant le titre « Comment supporter la froideur d’une mère ? » Je suis ce type de mère « froide ». Et ma mère l’était aussi.

J’aime mes enfants tout comme j’aime mes petits-enfants. Mais je ne suis pas du tout démonstrat­ive. Je leur manifeste mon amour de manière différente, comme en leur faisant des surprises, ou en ayant des petites attentions envers eux, mais jamais je ne le fais par des gestes affectueux. Ce n’est pas dans ma nature de faire ça.

Je sais qu’une de mes filles en a souffert, d’ailleurs elle ne me parle plus depuis dix ans et j’en suis désolée. Ce n’est pas une mère comme moi qu’elle aurait voulu avoir, mais c’est une mère comme moi qu’elle a eue. Comme vous le soulignez à la signataire de la lettre, je me comporte avec mes enfants de la même façon que j’ai été élevée par ma mère.

C’est pourquoi je souhaite passer un message à la signataire de cette lettre « Une fille anxieuse » pour lui dire que tout comme moi j’aime mes enfants, sa maman l’aime vraiment, même si ce n’est pas de la façon qu’elle le voudrait. En connaissan­ce de cause, je lui suggère d’informer sa mère de son besoin d’affection, ou plutôt de manifestat­ions affectueus­es, et je suis certaine qu’elle va en tenir compte et essayer plus souvent de lui exprimer en gestes, l’affection qu’elle lui porte.

Une maman et mamie froide

Le principe sur lequel vous établissez votre théorie, à savoir que parce que vous avez été élevée par une mère qui n’avait aucune propension pour les manifestat­ions affectueus­es ça vous a rendue comme elle, n’est pas totalement exact. Car, à ce compte, votre fille devrait être comme vous et elle ne l’est pas. Je pense que notre façon d’être et de nous comporter puise sa source dans notre tempéramen­t, c’est-à-dire dans notre humeur innée, ainsi que dans notre caractère, lequel naît de la confrontat­ion entre ce tempéramen­t et l’environnem­ent. Autrement dit, il est le résultat d’un apprentiss­age social. Bonne suggestion que de dire à cette personne d’exprimer ouvertemen­t à sa mère son besoin affectif. La plupart du temps, c’est à force de se faire dire les choses qu’on les intègre et qu’on fait un bout de chemin vers l’autre.

De l’importance du respect de soi

Je suis toujours étonnée de lire dans votre Courrier les histoires de femmes qui supportent des violences inacceptab­les à leur endroit. Comme si on ne leur avait jamais dit que ce doit être tolérance zéro à n’importe quelle forme de violence. J’ai vécu dans une famille où la violence était monnaie courante. Mon père était violent et ma mère était violente. Mais jamais je ne l’ai été moi-même. Ça m’a immunisée contre une telle dérive.

J’ai quitté rapidement la demeure familiale dès que j’en ai eu les moyens. Et je réduis mes relations avec le reste de ma famille au minimum. Le premier garçon qui a croisé ma route était un violent que j’ai vite débusqué. Il a frappé un mur quand il a voulu m’assujettir. Même si je l’aimais, je l’ai quitté avant d’être contaminée. Car oui, la contaminat­ion est possible quand on se laisse faire. Je n’ai qu’à regarder les femmes de mes frères pour en mesurer le danger. Comme mon père, les deux mènent leur femme respective à la baguette, et ça fonctionne. Comment se fait-il que, rendu en 2019, il y ait encore des femmes pour se laisser prendre au jeu de la domination ?

Une qui sait la valeur du respect envers soi-même

Tout le monde n’a pas votre force de caractère. Et pour certaines, l’idée même de s’imposer comme étant l’égale de leur conjoint est impensable. C’est triste, mais c’est la dure réalité.

Penséedujo­ur Soyez content de votre sort, ami, c’est là le secret de la sagesse. – Horace

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