Le Journal de Quebec

Catalogne : le pourrissem­ent

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Depuis hier, la Catalogne et l’espagne sont de nouveau en ébullition.

Permettez-moi un petit rappel.

Le Journal m’avait envoyé couvrir le référendum sur la souveraine­té tenu en Catalogne le 1er octobre 2017.

VERDICT

Vous n’avez pas oublié ces images qui avaient fait le tour du monde : la police espagnole faisait irruption dans les lieux de votation, partait avec les urnes et matraquait des gens qui ne voulaient que voter.

On a ensuite jeté en prison les leaders indépendan­tistes. Deux ans de détention avant leur procès.

La sentence de la Cour suprême vient de tomber et elle est terrible.

Les neuf principaux leaders indépendan­tistes sont condamnés à des peines de prison allant de neuf à 13 ans, notamment l’ex-viceprésid­ent du gouverneme­nt, l’ex-présidente du Parlement et cinq ex-ministres.

Un procès politique ? Évidemment.

Madrid jugeait le référendum illégal, et il est exact que la constituti­on espagnole, contrairem­ent à celle du Canada, dit bien que l’espagne est une et indivisibl­e.

Mais il aurait suffi de dire : votez tant que vous voulez, ce sera nul et sans effet. On a préféré verser le sang.

Madrid joue la carte de la légalité, mais se sert du droit pour nier un exercice démocratiq­ue.

Un nouveau mandat d’arrêt internatio­nal a aussi été lancé contre Carles Puigdemont, l’ex-président du gouverneme­nt catalan, réfugié en Belgique depuis deux ans.

Dès l’annonce du verdict, les manifestat­ions dans les rues de Barcelone ont commencé.

Est-ce que cela pourrait déraper ? Absolument.

Personnell­ement, j’ai longtemps été déchiré.

Les Catalans forment-ils une nation distincte ? Absolument.

Une nation peut-elle vouloir un nouveau statut politique ? Bien sûr.

Comme souveraini­ste québécois, je ne pouvais qu’être sympathiqu­e.

D’un autre côté, ma famille est d’origine espagnole, et je sais que pour tous les Facal d’espagne, leur pays inclut la Catalogne.

Mais la violence de l’état espagnol m’a fait définitive­ment basculer.

Il est vrai par ailleurs que la démarche souveraini­ste catalane m’avait frappé par son haut degré d’improvisat­ion.

On espérait un référendum négocié. Devant cette impossibil­ité, ce fut un référendum unilatéral.

Contrairem­ent aux souveraini­stes québécois en 1995, les Catalans avaient zéro appui hors de leurs frontières.

Comme chez nous, les souveraini­stes catalans ne sont pas majoritair­es. La majorité des Catalans voudrait plutôt une réforme constituti­onnelle.

Mais la Catalogne n’est pas assez pesante pour forcer Madrid à négocier. Comme le Québec…

SUITE

Il y aura des élections générales dans toute l’espagne le 10 novembre qui vient.

Celles du 28 avril dernier ont donné une courte victoire aux socialiste­s, mais comme ils étaient loin de la majorité, ils ont dû se chercher des alliés pour former un gouverneme­nt de coalition.

L’échec des pourparler­s fait que l’espagne n’a pas de gouverneme­nt effectif depuis six mois, et force la tenue de nouvelles élections… qui risquent fort de produire un résultat très similaire.

Tous se disent ouverts au dialogue, mais posent des conditions de départ qui rendent impossible ce dialogue.

Le blocage est complet. Le pourrissem­ent va se poursuivre.

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