Le Journal de Quebec

Plusieurs années avant de mesurer les impacts réels

- CATHERINE BOUCHARD

Il faudra attendre environ cinq ans pour avoir un portrait précis de l’impact potentiel de la légalisati­on du cannabis sur les consultati­ons dans le système de santé, estime un chercheur spécialisé en prévention de la toxicomani­e.

À la veille du premier anniversai­re de la légalisati­on du cannabis au Canada, il est difficile pour le moment d’évaluer si la nouvelle loi a entraîné, ou pas, une augmentati­on des consultati­ons ou des hospitalis­ations en lien avec la consommati­on de cannabis.

C’est que les admissions ou les consultati­ons entraînées par la consommati­on de la substance peuvent être liées à d’autres facteurs et la cause principale peut passer sous le radar.

« Les données administra­tives et la codificati­on sont vraiment moins structurée­s. Il y a donc beaucoup d’incertitud­es », indique Jean-sébastien Fallu, chercheur à l’institut universita­ire sur les dépendance­s du CIUSSS du Centre-sud-de-l’île-de-montréal.

« PAS TOUJOURS DANS L’IGNORANCE »

Le chercheur rassure et indique « qu’à long terme, nous ne serons pas toujours dans l’ignorance ».

« Je pense que dans cinq ans, nous serons en mesure d’avoir un portrait plus intéressan­t », croit-il.

Le Dr Richard Bélanger, pédiatre et médecin de l’adolescenc­e au CHU de Québec, abonde dans le même sens que M. Fallu.

Il indique toutefois qu’un projet de recherche sera lancé sous peu, lequel permettra notamment de voir si la légalisati­on a influencé les consultati­ons aux urgences.

Des résultats pourraient commencer à être observable­s au courant de la prochaine année.

Des chercheurs du Colorado consultés par M. Fallu sont toutefois unanimes: « Après trois ou quatre ans, il est trop tôt pour publier un rapport et tirer des conclusion­s. Il y a des chiffres qui soutiennen­t des hausses et d’autres des baisses », rapporte M. Fallu.

AUCUNE VARIATION POUR L’INSTANT

Autant du côté du CHU de Québec que du CIUSSS de la Capitale-nationale, aucune variation à la hausse ou à la baisse réelle n’est observée pour le moment.

Le CHU de Québec a fourni au Journal un tableau sur les hospitalis­ations de courte durée chez les 10 à 24 ans en lien avec la consommati­on de diverses substances.

Dans la catégorie du cannabis, et pour les périodes 2017-2018 et 2018-2019, les hospitalis­ations passent de 18 à 6.

Toutefois, ces indicateur­s sont difficiles à interpréte­r, puisque l’année de légalisati­on se retrouve dans les deux périodes.

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JEAN-SÉBASTIEN FALLU Chercheur

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