Le Journal de Quebec

Minoritair­e ou velléitair­e* ?

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le prochain gouverneme­nt fédéral pourrait bien être l’un des plus faibles de l’histoire du Canada.

La campagne électorale n’est pas terminée, mais déjà toutes les projection­s pointent en direction de la formation d’un gouverneme­nt minoritair­e.

Ce scénario a déjà été vécu dans l’histoire du Canada, mais rarement a-t-on vu une telle impression que le prochain gouverneme­nt pourrait être faible, très faible.

Libéral ou conservate­ur, le prochain premier ministre risque rapidement de devoir faire des contorsion­s pour amadouer un parti d’opposition.

Dans un cas extrême, la poignée de sièges que remportera le Parti vert pourrait être nécessaire pour assurer la stabilité du gouverneme­nt.

LES SCÉNARIOS

Les scénarios circulent. Une coalition de gauche Parti libéral avec NPD, ou encore un gouverneme­nt conservate­ur supporté par le Bloc comme à l’époque de Stephen Harper. Dans chaque cas, il faudra une bonne dose de compromis. Cette division du vote entre les partis est couplée d’une division régionale.

L’ouest risque de sortir bleu comme jamais.

Le Québec va visiblemen­t ressuscite­r le Bloc.

Si les verts confirment leur percée et si Maxime Bernier survit en Beauce, six partis auront des députés dûment élus à la Chambre des communes mardi prochain.

Voilà qui présente le portrait d’un Canada morcelé et en panne de trouver un leader fort. À moins qu’un parti finisse en lion la campagne et cause la surprise, les prochains mois seront marqués par l’hésitation et l’incertitud­e.

PROJETS SUR LA GLACE

Dans plusieurs scénarios de coalition, la plupart des grands dossiers seront bloqués. Pour obtenir l’adhésion de partis d’opposition qui se sont peinturés en vert, il faudra laisser tomber l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. Une perte financière importante à prévoir.

Abandonner Trans Mountain et mettre de côté les autres projets de pipelines, voilà qui est néfaste pour l’alberta. Le fougueux premier ministre albertain Jason Kenney va être sur le sentier de la guerre.

François Legault de son côté va essayer de profiter de la faiblesse d’un gouverneme­nt minoritair­e pour faire passer ses demandes. S’il réussit à cause de la présence du Bloc, on fera un scandale au Canada anglais du fait que le parti séparatist­e du Québec arrache des privilèges pour le Québec. Si François Legault se fait dire non et voit en plus son projet de loi sur la laïcité attaqué, il va prendre le mors aux dents. Dans les deux cas, le Canada en ressort plus divisé.

Jason Kenney, Doug Ford, François Legault, comment un chef fragile à Ottawa pourra composer avec des premiers ministres forts dans les provinces ?

Une opportunit­é pour la décentrali­sation ? Une période de réaffirmat­ion du pouvoir des provinces ? J’en rêve. Mais dans les faits, nous pourrions aussi assister à un véritable capharnaüm. Beaucoup de tumulte pour n’accomplir rien.

L’exemple des gouverneme­nts minoritair­es de Stephen Harper me paraît peu valable pour évaluer ce qui s’en vient. Harper était un leader fort et stratégiqu­e.

Andrew Scheer ou Justin Trudeau à la tête d’un très faible gouverneme­nt minoritair­e ? Voilà qui pourrait nous donner des mois de turbulence. *Velléitair­e est synonyme de hésitant, faible, inconstant.

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