Le Journal de Quebec

Un pays sans passion

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

La campagne électorale fédérale 2019 est loin d’avoir tenu en haleine les Canadiens.

Campagne soporifiqu­e aux enjeux diffus, elle a entraîné les partis dans une course aux scandales des adversaire­s et dans le concours de la grosse insulte à servir aux opposants.

Depuis quelques décennies, notre mode de scrutin favorise le clientélis­me électoral. Les partis se comportent comme des entreprise­s commercial­es qui essaient d’accaparer des parts de marché qui leur assureraie­nt une position de contrôle sans pour autant détenir la majorité des voix.

MAGASINAGE DU MARCHAND

Le Bloc québécois rêve de la balance du pouvoir avec une vingtaine de députés et met l’accent sur le Québec d’abord.

Les conservate­urs ambitionne­nt le pouvoir en misant d’abord sur l’ouest et en faisant la promotion des énergies fossiles.

Justin Trudeau compte d’abord sur l’ontario qui voudrait retrouver son rôle central dans l’économie du pays. Les verts espèrent une percée significat­ive d’abord dans les Maritimes qui subissent avec le plus de véhémence les changement­s climatique­s.

Ce n’est pas une élection canadienne. C’est le magasinage du marchand qui offre à une personne ou à une collectivi­té ce qu’elle veut sans grande considérat­ion pour les impacts négatifs sur d’autres concitoyen­s ou d’autres communauté­s. L’abolition de la taxe carbone prônée par certains partis en constitue une parfaite illustrati­on.

LE PAYS IMAGINAIRE

Pour parodier Gilles Vigneault, le Canada n’est pas un pays, c’est une série d’accommodem­ents pas toujours raisonnabl­es qui ébranlent bien peu la fibre patriotiqu­e.

Le chacun pour soi de la présente campagne amplifie le nationalis­me des Québécois et le régionalis­me des autres provinces, laissant du coup très peu de place à la solidarité canadienne.

Les Québécois ont majoritair­ement décidé de demeurer dans ce bateau qui flotte on ne sait trop comment. Heureuseme­nt, les Québécois ont encore le loisir d’en débarquer, alors qu’en Catalogne, on met à la cale les passagers récalcitra­nts.

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