Le Journal de Quebec

Une tonne d’expertise perdue

Pas moins d’une vingtaine de dirigeants ont quitté depuis l’achat par Lowe’s

- PIERRE-OLIVIER ZAPPA

Depuis qu’il a avalé RONA en 2016, le quincailli­er américain Lowe’s a poussé vers la sortie au moins 20 dirigeants: treize vice-présidents et sept directeurs principaux ne sont plus à l’emploi du fleuron québécois auquel ils avaient oeuvré pendant plusieurs années.

Liés par des ententes de confidenti­alité, rares sont les « ex » de RONA à accepter de parler des circonstan­ces de leur départ du siège social de Bouchervil­le.

« Depuis le début, avec Lowe’s, c’est une véritable chasse aux sorcières contre ceux qui étaient associés à RONA », a décrit l’un d’entre eux, sous le couvert de l’anonymat.

Selon une compilatio­n réalisée par TVA Nouvelles, la plupart de ces 20 dirigeants ont été congédiés. D’autres ont décidé de quitter leurs fonctions dans un contexte de fortes tensions. Leurs remplaçant­s ont tous été nommés par la nouvelle direction de Lowe’s.

« Ils se sont carrément débarrassé­s de l’expertise de RONA. C’est devenu une obsession », s’est indigné un ancien dirigeant ayant oeuvré une dizaine d’années pour RONA, avant l’acquisitio­n.

Pour mettre la main sur RONA, Lowe’s avait pourtant pris une dizaine d’engagement­s auprès du gouverneme­nt fédéral. Parmi ceux-ci, la promesse de « maintenir en poste les principaux dirigeants de la solide équipe de direction de RONA ».

Cet engagement semble aujourd’hui mis à mal par les départs d’une vingtaine de gestionnai­res qui ont fait carrière chez RONA.

« On a l’impression que l’intégratio­n des deux entreprise­s ne s’est jamais réalisée, a analysé le professeur Robert Pouliot, spécialist­e des fusions-acquisitio­ns. Si on se débarrasse de ceux qui connaissai­ent bien le marché, forcément, on risque d’avoir des problèmes. »

UN FACTEUR AGGRAVANT ?

En février dernier, Lowe’s a révisé en forte baisse la valeur de sa division canadienne à 2 milliards $, en chute de 1,2 milliard $.

Plusieurs anciens dirigeants de RONA estiment, sans accepter d’en parler publiqueme­nt, que ces difficulté­s ont été amplifiées par les changement­s rapides et nombreux au sein de la direction.

Le quincailli­er a refusé les demandes d’entrevue de TVA Nouvelles à ce sujet. Une porte-parole a tenu à indiquer que Lowe’s avait toutefois respecté sa promesse. « Nous avons consolidé sur la Rive-sud de Montréal l’ensemble de nos opérations canadienne­s », a soutenu Valérie Gonzalo par courriel.

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