Pas assez de temps pour pleurer
Julien Brisebois avoue d’emblée que l’élimination expéditive de son équipe aux mains des Blue Jackets de Columbus, le printemps dernier, a été douloureuse. Mais, pour reprendre ses propres mots, ses nombreuses occupations ont fait en sorte qu’il n’a pas eu trop de temps pour pleurer dans ses Corn Flakes au petit déjeuner.
Ainsi va la vie d’un directeur général dans le monde du sport. Quand un échec survient, il faut continuer à aller de l’avant.
Au fond, c’est un mal pour un bien, même si ça n’efface pas complètement le souvenir de la défaite.
RIEN N’EST ACQUIS
Comme tous ses confrères de la Ligue nationale de hockey, Brisebois se demande quotidiennement ce qu’il doit faire pour mener son équipe à la victoire. Que ce soit pour le prochain match, la semaine prochaine, dans les séries ou l’an prochain.
« Tu carbures à ce défi tout le temps, dit-il. On a été éliminés très hâtivement la saison dernière. Ça a fait mal. On se croyait en bonne posture pour prendre part à plus d’une ronde dans les séries. On a raté une belle occasion. Mais ça ne veut pas dire qu’on aurait gagné la coupe si on était allé plus loin. Une seule équipe peut le faire. »
Le Lightning n’était pas la première équipe championne du classement général à trébucher dans les fleurs du tapis dans les séries. L’histoire dit que seulement huit de ces formations, sur 33, ont poursuivi leur chemin jusqu’à la conquête de la coupe Stanley.
« Et ça ne s’annonce pas plus facile cette année, car la parité est plus grande que jamais », ajoute Brisebois.
« On le dit chaque année, mais on dirait que l’écart entre les équipes rétrécit d’une saison à l’autre. »
On prévoit que ça va se bousculer fort pour les deux dernières places donnant accès aux séries dans l’est et peut-être même pour les trois premières positions dans chaque division, particulièrement dans l’atlantique.
PAS LE TEMPS DE CHÔMER
Brisebois a eu à gérer plusieurs dossiers pendant l’entre-saison. Il a procédé à une redistribution des tâches au sein de son bureau de direction et à l’embauche de Mathieu Darche au poste de directeur des opérations hockey.
Il a échangé J.T. Miller aux Canucks de Vancouver et cédé aux Sénateurs d’ottawa le contrat de Ryan Callahan, aux prises avec une blessure dégénérative au dos, afin de se donner de la flexibilité dans sa masse salariale.
Après de longues négociations, il en est venu à une entente d’une valeur de 20,25 millions pour trois ans avec Brayden Point, troisième marqueur des siens l’an dernier avec 92 points, derrière Nikita Kucherov (128) et Steven Stamkos (98).
Brisebois est heureux dans ses fonctions, lui qui a succédé à Steve Yzerman tout juste avant le début du camp d’entraînement l’an dernier. Après avoir servi sous les ordres de Bob Gainey et de Pierre Gauthier chez le Canadien et sous ceux d’yzerman avec le Lightning, c’est à lui de prendre les décisions.
« C’est un travail très stimulant, affirme-t-il. Je suis entouré de gens de hockey [Al Murray, Jamie Pushor, Stacey Roast et Darche] qui ont plein d’idées et qui défient le statu quo. Ils m’aident à rester alerte. Quant à mon entraîneur Jon Cooper, notre relation date de longtemps. »
POSITION PRIVILÉGIÉE
C’est Brisebois qui avait emmené Cooper dans l’organisation lorsqu’il était directeur général du Crunch de Syracuse. Il a eu son mot à dire aussi dans la venue de Benoît Groulx derrière le banc du club-école du Lightning.
« Je me considère vraiment chanceux, reprend-il. On a une bonne équipe. Notre propriétaire [Jeff Vinik] nous apporte un appui incroyable. Il nous laisse faire notre travail et nous fournit toutes les ressources. Je suis privilégié d’occuper ce poste. Il n’y en a que 32 dans la Ligue nationale. »
Brisebois est trop modeste. Ne devient pas directeur général d’une concession sportive professionnelle qui veut.
« Je réalise que je n’ai pas gagné ce poste à la loterie », convient-il.
« Mais il y a des gens qualifiés pour être DG dans la Ligue nationale qui n’auront jamais la chance de se faire valoir et de rivaliser pour la coupe Stanley. »