Le Journal de Quebec

Mon bilan des chefs

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ

Il reste moins d’une semaine de campagne et même si le résultat des élections demeure imprévisib­le, on peut déjà faire un bilan partiel de la « performanc­e » des chefs.

Allons-y un par un.

√ Justin Trudeau est entré confiant dans cette campagne. Il croyait sa réélection assurée.

L’homme a du charisme, on le reconnaîtr­a, même si on y est absolument insensible. Mais comme on disait autrefois que celui qui a vécu par l’épée périra par l’épée, on dira aujourd’hui que celui qui a vécu par l’image périra par l’image. Et la communicat­ion des libéraux a mal tourné.

Le PLC ne s’effondrera pas, toutefois. C’est le parti naturel de gouverneme­nt au Canada. La force du PLC, c’est d’avoir, bons jours mauvais jours, les élites canadienne­s avec lui.

√ Andrew Scheer est un Canadien anglais à l’ancienne. Dans sa langue maternelle, sans briller, il est à l’aise et parvient à faire passer ses idées. Il n’a pas l’autorité naturelle d’un Stephen Harper ou le charisme d’un Mulroney, mais il tient la route. Il peut encore gagner ses élections.

Au Québec, toutefois, il s’est effondré. Le Parti conservate­ur ne peut percer au Québec qu’en occupant le créneau nationalis­te. Il ne l’a pas fait.

√ Jagmeet Singh est assurément un leader sympathiqu­e. Les Québécois l’apprécient aussi. Ceux qui s’imaginent qu’ils refusent de voter pour lui à cause de son turban révèlent surtout leurs préjugés contre les Québécois, qu’ils accusent implicitem­ent d’intoléranc­e.

Le problème est ailleurs. Le NPD n’a pas de racines au Québec. Et en 10 ans, il n’a pas développé de leadership québécois sérieux.

√ Yves-françois Blanchet est indéniable­ment la surprise de cette campagne. On le croyait abrasif et cassant. Il a su se faire efficace et convaincan­t.

Très cérébral et toujours calme, il a su éviter les mauvaises querelles qui font souvent mal aux souveraini­stes. Évidemment, il a profité d’une conjonctur­e favorable.

La poussée du Bloc dépend de facteurs qui lui échappent en partie. Depuis un an, le Québec connaît une renaissanc­e nationalis­te.

Sans renier son objectif fondamenta­l, le Bloc de Blanchet s’est aligné sur ce programme et a transformé la loi 21 en étendard de la différence québécoise.

√ Maxime Bernier a surpris. Les médias aiment le portraitur­er en leader de la droite la plus radicale.

Il est manifestem­ent plus complexe que cela, même s’il est exagérémen­t dogmatique.

Si son climatosce­pticisme le dessert, il est parvenu à faire entendre une voix « différente », moins caricatura­le que ses tweets.

Dans une culture politique très consensual­iste, comme c’est le cas au Canada, il contribue à ouvrir le débat public. S’il gagne son comté, il pourra construire durablemen­t son courant politique.

√ Elizabeth May, enfin ! Au Canada anglais, elle existe. Le Parti vert y trouve un véritable écho. C’est plus compliqué au Québec.

Cela dit, par sa persévéran­ce, au fil des ans, elle a transformé les verts en véritable force politique. Ce n’est pas rien.

Si elle parvient à faire élire quelques députés, elle pourra crier victoire.

Plusieurs chefs ont surpris

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