Privée de 60 000 $ à la retraite
Johanne Breton a travaillé 30 ans pour le gouvernement fédéral, mais elle n’a pas accès à sa pleine retraite à cause du système de paie Phénix.
Une fonctionnaire de Québec qui a consacré près de 30 ans de sa vie au gouvernement fédéral n’a pas accès à sa pleine retraite, puisque le système de paie Phénix ne lui a toujours pas versé une somme de 60000 $.
Le système de paie Phénix, dont les dérapages ont fait la manchette au cours des dernières années, a fait une nouvelle victime.
Johanne Breton, de Charlesbourg, est sans nouvelles des 60 000 $ que lui doit son employeur, et ce, six mois après sa retraite.
« Ça n’a aucun bon sens. Je suis comme un peu désespérée honnêtement, racontet-elle. Je trouve ça aberrant. J’ai toujours donné mon 150 % à mon travail, j’étais tout le temps la fille à son affaire qui ne prenait pas cinq minutes de pause, toujours au maximum. »
Johanne Breton a entamé sa carrière au gouvernement fédéral au début des années 1990, au ministère de l’emploi et du Développement social Canada. Conseillère durant des années, son employeur a reconnu en février 2018 que ses tâches relevaient plutôt d’un poste de consultante en expertise opérationnelle.
AJUSTEMENT À LA HAUSSE
Mme Breton a donc eu droit à un ajustement de salaire à la hausse et rétroactif aux cinq années précédentes.
Si sa paie a dès lors été modifiée, Mme Breton n’a jamais reçu un sou du montant de sa rétroaction. Sa prime au bilinguisme, qu’elle devait recevoir depuis 2016, n’a été versée que sur deux paies. Coût de la créance ? 30 000 $.
À l’automne 2018, Johanne Breton a joint le « centre de contact avec la clientèle », point de chute canadien des doléances liées à Phénix, pour les informer de sa situation.
Le temps pressait pour la fonctionnaire, qui planifiait sa retraite pour le printemps suivant.
« Je voulais que ce soit réglé avant que je parte, parce que ça allait avoir un impact sur mes prestations de retraite », explique la dame, précisant que ces prestations sont basées sur la moyenne salariale des cinq années consécutives les mieux rémunérées.
INDEMNITÉ MANQUANTE
Malgré les appels répétés, la situation n’a pas été corrigée. Et Johanne Breton a pris sa retraite, en avril 2019. Une nouvelle problématique s’est dessinée avec Phénix: l’employée n’a jamais reçu une indemnité de départ, aussi estimée à 30 000 $.
La nouvelle retraitée se retrouve ainsi avec 60 000 $ en moins dans son compte en banque et une prestation de retraite amputée d’environ 2200 $ par année, selon ses calculs.
Au « centre de contact à la clientèle », son dossier n’avançait pas. Jusqu’à ce que Le Journal pose des questions sur cette affaire, la semaine dernière.
Moins de 48 heures après les démarches du Journal, Mme Breton a reçu un courriel des ressources humaines selon lequel ses « problèmes de rémunération sont en cours de résolution » et qu’un conseiller communiquera avec elle sous peu.
« On dirait bien que vous avez réussi à les faire bouger », a commenté la nouvelle retraitée.