... mais nos commerces en arrachent
Des restaurants n’ont même pas assez d’employés pour accomplir les tâches de base
Frappés de plein fouet par la pénurie de main-d’oeuvre, de plus en plus de commerces doivent fermer leurs portes momentanément ou réduire leurs services, a constaté Le Journal.
De plus en plus de commerces se voient forcés de réduire leurs heures d’ouverture en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, à un tel point que des restaurants de la région doivent parfois fermer l’après-midi pour permettre aux employés de faire le ménage, ou simplement parce qu’ils ne sont plus assez pour opérer.
Le Journal reçoit jour après jour des affiches installées dans des commerces de la région pour aviser la clientèle d’un changement aux heures d’ouverture.
Cela survient alors que la province a enregistré un record de création d’emplois dans la dernière année, ce qui rend le recrutement de main-d’oeuvre d’autant plus ardu pour certains commerces ( voir autres textes en pages 32 et 33).
C’est arrivé au Burger King Duplessis, qui a récemment dû ouvrir seulement de 11 h à 17 h pendant quelques jours en raison d’un manque d’employés.
Le gérant rencontré sur place travaille habituellement à la succursale Bouvier, mais il vient prêter main-forte à ses collègues qui sont frappés de plein fouet par la pénurie.
« Un quart de travail normal, on devrait être entre six et neuf employés, mais on le fait parfois à trois. Dimanche, il y avait juste moi et une autre employée. Quand ça arrive, on doit fermer la salle pour juste faire le service à l’auto », raconte Michel Hamel, qui travaille dans la restauration rapide depuis 42 ans. « Je n’ai jamais vu ça. »
Il doit parfois fermer son restaurant quelques heures en après-midi pour permettre de faire le ménage. Parce qu’à trois employés, impossible de songer à vider les poubelles pendant l’heure du dîner.
« On ferme la salle à manger pour faire l’entretien, les poubelles, les toilettes, etc. Ça devient inquiétant, c’est difficile de garder le même niveau de service », confie le gérant.
DÉPLACEMENTS PAYÉS
Les difficultés de recrutement sont telles que la direction de l’entreprise a passé le mot aux autres succursales de la région pour offrir un coup de pouce à ce restaurant.
« Aujourd’hui, j’ai deux employés de Beauport, j’en ai parfois de Lévis. Et on paie le taxi jusqu’à 50 $ pour les convaincre », explique M. Hamel, ajoutant avoir payé 400 $ de taxi dans une seule semaine, rien pour aider avec un chiffre d’affaires affecté par la pénurie.
« On a descendu jusqu’à 50 %, 55 % de baisse comparé à l’année précédente avant qu’on ait de l’aide des autres restaurants. Il faudrait vraiment qu’on ait de l’aide », lance Michel Hamel, qui fait même tirer des cartes cadeaux parmi les gens qui recommandent de nouveaux employés.
60 À 70 HEURES PAR SEMAINE
En face du Burger King Duplessis, le restaurant Tim Hortons traverse la même crise.
La succursale doit parfois fermer ses portes en après-midi parce qu’il ne reste qu’un seul employé.
Et la situation n’est pas unique. De plus en plus d’affiches sont installées dans des commerces de la province, soit pour demander la compréhension de la clientèle, soit pour aviser de changements d’horaire imprévus.
Chaque fois, le manque de personnel est pointé du doigt ( voir photos ci-dessus).
« Nos quelques temps pleins entrent pour l’ouverture, donc notre 10 heures est fait en début d’après-midi. Et j’ai juste une personne avant que les étudiants puissent entrer en soirée. Donc, on n’a pas le choix de fermer entre 14 h et 17 h », raconte Cindy Laroche, gérante de la succursale, qui fait elle-même 60 à 70 heures par semaine.
LE SERVICE ÉCOPE
C’est donc malheureusement le service qui écope parfois, admet l’employé, qui déplore le manque de compréhension de certains clients.
« C’est pareil partout. On doit quitter la caisse pour aller faire les beignes ou les muffins parce qu’on n’est pas assez. La majorité des clients comprennent, mais pour d’autres, c’est la fin du monde », affirme Mme Laroche. « Des solutions, il n’y en a pas 75. Ça prend juste des employés. »