Le Journal de Quebec

... mais nos commerces en arrachent

Des restaurant­s n’ont même pas assez d’employés pour accomplir les tâches de base

- PIERRE-PAUL BIRON

Frappés de plein fouet par la pénurie de main-d’oeuvre, de plus en plus de commerces doivent fermer leurs portes momentaném­ent ou réduire leurs services, a constaté Le Journal.

De plus en plus de commerces se voient forcés de réduire leurs heures d’ouverture en raison de la pénurie de main-d’oeuvre, à un tel point que des restaurant­s de la région doivent parfois fermer l’après-midi pour permettre aux employés de faire le ménage, ou simplement parce qu’ils ne sont plus assez pour opérer.

Le Journal reçoit jour après jour des affiches installées dans des commerces de la région pour aviser la clientèle d’un changement aux heures d’ouverture.

Cela survient alors que la province a enregistré un record de création d’emplois dans la dernière année, ce qui rend le recrutemen­t de main-d’oeuvre d’autant plus ardu pour certains commerces ( voir autres textes en pages 32 et 33).

C’est arrivé au Burger King Duplessis, qui a récemment dû ouvrir seulement de 11 h à 17 h pendant quelques jours en raison d’un manque d’employés.

Le gérant rencontré sur place travaille habituelle­ment à la succursale Bouvier, mais il vient prêter main-forte à ses collègues qui sont frappés de plein fouet par la pénurie.

« Un quart de travail normal, on devrait être entre six et neuf employés, mais on le fait parfois à trois. Dimanche, il y avait juste moi et une autre employée. Quand ça arrive, on doit fermer la salle pour juste faire le service à l’auto », raconte Michel Hamel, qui travaille dans la restaurati­on rapide depuis 42 ans. « Je n’ai jamais vu ça. »

Il doit parfois fermer son restaurant quelques heures en après-midi pour permettre de faire le ménage. Parce qu’à trois employés, impossible de songer à vider les poubelles pendant l’heure du dîner.

« On ferme la salle à manger pour faire l’entretien, les poubelles, les toilettes, etc. Ça devient inquiétant, c’est difficile de garder le même niveau de service », confie le gérant.

DÉPLACEMEN­TS PAYÉS

Les difficulté­s de recrutemen­t sont telles que la direction de l’entreprise a passé le mot aux autres succursale­s de la région pour offrir un coup de pouce à ce restaurant.

« Aujourd’hui, j’ai deux employés de Beauport, j’en ai parfois de Lévis. Et on paie le taxi jusqu’à 50 $ pour les convaincre », explique M. Hamel, ajoutant avoir payé 400 $ de taxi dans une seule semaine, rien pour aider avec un chiffre d’affaires affecté par la pénurie.

« On a descendu jusqu’à 50 %, 55 % de baisse comparé à l’année précédente avant qu’on ait de l’aide des autres restaurant­s. Il faudrait vraiment qu’on ait de l’aide », lance Michel Hamel, qui fait même tirer des cartes cadeaux parmi les gens qui recommande­nt de nouveaux employés.

60 À 70 HEURES PAR SEMAINE

En face du Burger King Duplessis, le restaurant Tim Hortons traverse la même crise.

La succursale doit parfois fermer ses portes en après-midi parce qu’il ne reste qu’un seul employé.

Et la situation n’est pas unique. De plus en plus d’affiches sont installées dans des commerces de la province, soit pour demander la compréhens­ion de la clientèle, soit pour aviser de changement­s d’horaire imprévus.

Chaque fois, le manque de personnel est pointé du doigt ( voir photos ci-dessus).

« Nos quelques temps pleins entrent pour l’ouverture, donc notre 10 heures est fait en début d’après-midi. Et j’ai juste une personne avant que les étudiants puissent entrer en soirée. Donc, on n’a pas le choix de fermer entre 14 h et 17 h », raconte Cindy Laroche, gérante de la succursale, qui fait elle-même 60 à 70 heures par semaine.

LE SERVICE ÉCOPE

C’est donc malheureus­ement le service qui écope parfois, admet l’employé, qui déplore le manque de compréhens­ion de certains clients.

« C’est pareil partout. On doit quitter la caisse pour aller faire les beignes ou les muffins parce qu’on n’est pas assez. La majorité des clients comprennen­t, mais pour d’autres, c’est la fin du monde », affirme Mme Laroche. « Des solutions, il n’y en a pas 75. Ça prend juste des employés. »

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PHOTOS COURTOISIE
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 ??  ?? Photo d’une affiche installée récemment au IGA de Roberval et demandant la collaborat­ion des clients. Kiosque de recrutemen­t installé au Dollarama de Limoilou récemment. Affiche de fermeture prématurée installée au restaurant Cuisine d’été, à l’île d’orléans, au début septembre. Affiche installée au Tim Hortons de Saint-lambertde-lauzon afin de demander à la clientèle d’être compréhens­ive pour le service difficile. Une affiche posée dans les dernières semaines dans la vitrine du Mcdonald’s de Saint-hyacinthe annonçant la fermeture de la salle à manger en raison de la pénurie.
Photo d’une affiche installée récemment au IGA de Roberval et demandant la collaborat­ion des clients. Kiosque de recrutemen­t installé au Dollarama de Limoilou récemment. Affiche de fermeture prématurée installée au restaurant Cuisine d’été, à l’île d’orléans, au début septembre. Affiche installée au Tim Hortons de Saint-lambertde-lauzon afin de demander à la clientèle d’être compréhens­ive pour le service difficile. Une affiche posée dans les dernières semaines dans la vitrine du Mcdonald’s de Saint-hyacinthe annonçant la fermeture de la salle à manger en raison de la pénurie.

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