Le Journal de Quebec

Le NPD en mode panique

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ

Si le NPD connaît une remontée au Canada anglais ces jours-ci, il n’en est pas de même au Québec. Quatrième dans les sondages, il craint une quasi-disparitio­n électorale. Combien conservera-t-il de sièges chez nous ? Un ? Deux ?

C’est probableme­nt ce qui le pousse, de manière quelque peu désespérée, à changer de stratégie en fin de campagne en renonçant aux discours « rassembleu­rs » pour attaquer directemen­t le Bloc, de manière mesquine et presque vengeresse.

BOULERICE

C’est Alexandre Boulerice, le goon aboyeur du NPD, qui mène la charge. On croirait son angle d’attaque emprunté au PLC : il laisse croire que le Bloc québécois serait coupable d’une forme de complaisan­ce pour le racisme parce qu’yves-françois Blanchet a refusé de congédier ses candidats ayant partagé des publicatio­ns hostiles à l’islam sur Facebook, même si ceux-ci se sont immédiatem­ent excusés, ce qui était essentiel.

On a pu constater dans cette controvers­e que le jugement du grand nombre semble se dérégler sur les médias sociaux et que même des gens respectabl­es semblent capables d’y publier les pires conneries et des propos outrancier­s.

L’essentiel est qu’ils s’en rendent compte et le reconnaiss­ent, ce qu’ont constaté par ailleurs l’ensemble des chefs qui ont dû faire face à de tels problèmes.

Prenons le problème de plus haut. Comment expliquer l’effondreme­nt du NPD au Québec? On n’y comprendra rien sans perspectiv­e historique. Le NPD, depuis sa fondation, n’a jamais vraiment réussi à s’implanter au Québec. Il n’avait pour base qu’une partie du milieu syndical et des groupuscul­es gauchistes radicaux.

On ne rappellera jamais assez à quel point son triomphe au Québec en 2011 était le fait de circonstan­ces exceptionn­elles. Les Québécois tournaient alors le dos au souveraini­sme post-meech. Ils ne voulaient pas pour autant se donner aux libéraux ou aux conservate­urs. Ils ont utilisé le NPD pour renverser la table et créer un nouveau contexte politique.

Mais dès 2015, le NPD refluait déjà. Les Québécois ne tolérèrent pas son positionne­ment radicaleme­nt multicultu­raliste au moment où les tribunaux décidèrent qu’une femme pouvait prêter son serment de citoyennet­é canadienne en niqab.

Le NPD a cru néanmoins retrouver son élan au Québec en misant sur son progressis­me. C’est ce qu’a fait tout au long de cette campagne le charismati­que Jagmeet Singh, en revendiqua­nt cette étiquette. Il oubliait qu’avant d’être progressis­tes, libéraux ou conservate­urs, de gauche ou de droite, les Québécois sont nationalis­tes et lorsqu’ils sentent leur identité fragilisée ou contestée, ils réagissent. Ils se cherchent un défenseur. Dans ce rôle, le Bloc était plus convaincan­t, tout simplement.

NATIONALIS­ME

Le Québec ne saurait être une province comme une autre sur la scène fédérale. Toujours, le nationalis­me structure le champ politique. Et ce n’est pas en laissant croire ou même en suggérant à demi-mot que ce nationalis­me cache un fond xénophobe ou raciste que les électeurs s’en détournero­nt. En fait, ces accusation­s injustes les révoltent aujourd’hui. Qui les insulte risque de voir le mauvais sort se retourner contre lui.

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Le NPD n’a pas de racines au Québec

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