Le Journal de Quebec

Enlevante lutte à trois à Trois-rivières

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Il y a longtemps que je voulais rencontrer Yves Lévesque, ancien maire de Trois-rivières durant 19 ans et maintenant candidat vedette — aussi candidat surprise, j’y reviendrai — pour les conservate­urs.

9 h 35 mercredi : il entre dans son local électoral, boulevard des Forges, comme un bulldozer de relations publiques, saluant qui à gauche, qui à droite.

Il s’assoit. Mitraille ses réponses à mes questions : « Mon avantage, je suis transparen­t : moi je dis tout tout tout. » (Ses adversaire­s municipaux, ceux qui s’opposaient à lui à la Ville, sont-ils d’accord ?)

Les confidence­s pleuvent : sa jeunesse instable comme fils de militaire constammen­t en déménageme­nt ; le fait qu’il a toujours été énergique ; aujourd’hui on dirait « TDAH » (trouble de déficit d’attention avec hyperactiv­ité) : « De nos jours, ils m’auraient donné des pilules », admet-il.

DÉPART ÉNIGMATIQU­E

Lévesque incarne la stratégie conservatr­ice au Québec : recruter d’importante­s vedettes locales. Et c’en est une vraie.

Attablée au Café Morgane dans le Vieux Trois-rivières, la candidate bloquiste Louise Charbonnea­u n’hésite pas : Lévesque, dit-elle, « a extrêmemen­t bien fait », a « amené la ville à une autre étape ».

Sa démission en décembre 2018, un peu plus d’un an après avoir décroché son cinquième mandat, comporte toutefois des zones d’ombre.

Il invoque un épuisement profession­nel : « Je n’étais plus capable, je tremblais […], un petit problème pour d’autres en était pour moi un gros. » Il s’arrête. Refuse d’« aller dans les détails », car la santé, « c’est privé ».

Plusieurs ont sourcillé lorsqu’il a réclamé ses allocation­s de départ et de transition. En février 2019, la Commission municipale juge qu’il a droit à l’argent. Sa démission était liée à des « raisons familiales sérieuses ou [à un] problème de santé important affectant un membre de sa famille immédiate ou lui-même ».

CANDIDAT SURPRISE

Après huit mois d’arrêt complet entre autres aux États-unis, le voilà de retour en politique, cette fois pour les conservate­urs. Conseillèr­e municipale et adversaire libérale, Valérie Renaud-martin se souvient de son étonnement.

D’une part, M. Lévesque avait démissionn­é pour cause d’épuisement moins d’un an avant. D’autre part, « en 2015, il avait fermé la porte aux conservate­urs », se disant plus près du PLC.

La bloquiste Charbonnea­u, elle, note que « pour un homme en convalesce­nce, ça doit être difficile, une campagne. Moi en tout cas, j’ai besoin de faire de la méditation ! »

Trois-rivières illustre très bien la lutte serrée de cette fin de campagne. Depuis la vague orange de 2011, la circonscri­ption est détenue par Robert Aubin du NPD.

Selon les derniers coups de sonde, le NPD, bon quatrième au départ, a monté. Le Bloc aurait aussi gagné des appuis, ce que Lévesque dit « sentir un peu, en effet ». Mais ce dernier n’aurait pas trop souffert de la baisse des conservate­urs au Québec.

La libérale Valérie Renaud-martin serait deuxième, mais aurait perdu des plumes. Lévesque lui-même avait déjà désigné la jeune femme de 37 ans comme potentiell­e dauphine à la mairie. Si jamais elle perd le 21, tentera-t-elle sa chance au municipal ? « Pour l’instant je me concentre sur la campagne fédérale », répond-elle avec un sourire.

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