Troisième nuit de violences
Les batailles de rue se poursuivent à Barcelone entre indépendantistes et policiers
BARCELONE | (AFP) De nouveaux affrontements entre manifestants indépendantistes et policiers ont éclaté hier soir en Catalogne, tandis que le premier ministre espagnol demandait aux autorités de la région de condamner sans ambiguïté les violences.
Pour la troisième nuit consécutive, des milliers de manifestants se sont heurtés aux policiers antiémeutes à Barcelone, leur lançant des projectiles, dressant des barricades et mettant le feu à plusieurs voitures, a constaté un journaliste sur place.
Devant une barricade en feu, une manifestante au visage masqué criait : « ce n’est pas de la violence, c’est de l’autodéfense ».
Quatorze personnes ont dû recevoir des soins, ont annoncé les services de secours dans un premier bilan. La veille, les affrontements avaient fait 125 blessés et 51 personnes avaient été arrêtées.
À Madrid, le premier ministre Pedro Sanchez a demandé publiquement hier au président de la région, l’indépendantiste Quim Torra, et aux membres de son gouvernement de « condamner clairement et sans l’excuser le recours à la violence ».
Mardi, plusieurs villes de la région avaient été le théâtre de scènes de guérilla urbaine entre policiers et manifestants protestant contre la condamnation, lundi, des neuf dirigeants indépendantistes à de lourdes peines de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.
VAGUE DE PROTESTATIONS
La sentence de la Cour suprême a déclenché une vague de protestations bien organisées et, hier matin, des colonnes de manifestants se sont mises en marche depuis cinq villes de cette riche région du nord-est de l’espagne. Elles doivent converger à Barcelone demain, jour de « grève générale » et de manifestations massives.
Quim Torra s’est joint à l’une d’elles. Il a dénoncé le procès comme « une farce », mais a évité de condamner les violences de mardi et de lundi, quand plus de 10 000 personnes avaient tenté de paralyser l’aéroport de Barcelone.
Son ministre de l’intérieur, Miquel Buch, a, lui, publiquement demandé aux manifestants « d’isoler » les éléments violents et averti que la police régionale qu’il commande, les Mossos d’esquadra, n’hésiterait pas à continuer à réprimer les excès.
Le premier ministre Pedro Sanchez, qui a consulté dans la journée les chefs des principaux partis politiques, n’a pas annoncé de mesures draconiennes.
Celle-ci parle de reprendre le contrôle des forces de l’ordre actuellement confié à la région autonome, voire de suspendre l’autonomie de la Catalogne, comme Madrid l’avait fait après la tentative de sécession.
« Nous allons moduler notre réponse en fonction de l’attitude et des décisions que prendront les responsables du gouvernement régional catalan », a-t-il dit.