Irrésistible Thievery Corporation
Le groupe a puisé dans toutes les cultures pour faire danser ses fans
Même si le courant lounge qui les a faits connaître dans les années 1990 s’est essoufflé depuis belle lurette, Thievery Corporation n’a rien perdu de sa pertinence. Ni de son habileté à puiser dans tous les styles musicaux pour créer ses irrésistibles grooves.
Neuf ans après sa seule et unique visite à Québec au Festival d’été, la formation de Washington D.C., fondée par Rob Garza et Eric Hilton (qui était absent), a fait danser sans peine bien des admirateurs enthousiastes réunis au Capitole hier soir.
Flanqué de trois musiciens et de cinq vocalistes, Thievery Corporation n’a cessé au fil des ans de raffiner une proposition logée au carrefour de plusieurs cultures, comme il en fait la preuve dans cette tournée baptisée Babylon Falling.
Dès le pot-pourri instrumental qui a lancé le concert, on a eu droit aux premières notes de sitar de Rob Myers, pendant que le bassiste Ashish Vyas arpentait la scène en se déhanchant. Dub, trip-hop, acid jazz, reggae, c’était déjà les Nations unies musicales.
VOIX FLAMBOYANTES
Puis, les chanteurs ont commencé à défiler. Loulou Ghelichkhani d’abord, la voix des titres en français, suave, mais pas la plus flamboyante du groupe, a-t-on constaté.
Ce titre revient à Puma Ptah, dont l’esprit de son Babylon Falling nous retournait vingt ans en arrière, même si la pièce apparaît sur l’album de 2017 The Temple of I & I. Et aussi à Racquel Jones, qui a soulevé la foule en transportant le concert en zone hip-hop sur Letter to the Editor.
Pendant que les maîtres d’oeuvre Garza et Hilton restaient dans l’ombre, la section de percussions a de son côté fait mouche sur l’instrumentale Illumination.
Sous l’impulsion de l’énergique Mr. Lif, l’ambiance est ensuite devenue carrément électrique sur scène dans l’interprétation collective de Fight to Survive et Warning Shots avant qu’un segment acoustique, qui a mis en valeur le sifflement de Natalia Clavier, fournisse un peu de répit.
Sont venus ensuite deux titres phares, Lebanese Blonde et The Richest Man in Babylon, pour conclure une soirée délectable en tout point.
DENSON : DES PLAINES AU CAPITOLE
La première partie était l’affaire du Karl Denson’s Tiny Universe. La seule fois qu’on avait vu le vétéran Denson, à Québec, avant hier soir ? Passez go et réclamez 200 $ si vous avez répondu avec les Rolling Stones, sur les plaines d’abraham, en 2015.
C’est que le saxophoniste californien de 62 ans, quand il n’est pas à la barre de ses propres projets musicaux, agit comme musicien de tournée depuis 2014 avec la bande de Jagger.
Bref, Thievery Corporation ne demande pas au dernier venu de réchauffer ses salles. Distributeur d’un mélange de jazz, de funk et de reggae, le septuor de Denson a d’ailleurs offert une brillante démonstration de son savoir-faire.
Virtuose au saxophone, infaillible au chant et s’aventurant même avec aisance à la flute traversière, comme durant le superbe segment instrumental de The Bridge, Karl Denson s’est révélé un chef d’orchestre et un meneur de foule hors pair. Une heure trop vite passée.