Le Journal de Quebec

Les noms d’aecon et Pomerleau utilisés pour dérober des données

Des fraudeurs se servent de la pénurie de main-d’oeuvre au Québec comme appât

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Des fraudeurs se servent de la rareté de la main-d’oeuvre au Québec pour tenter de dérober de l’argent et des données personnell­es de travailleu­rs. Les noms d’aecon et Pomerleau ont notamment servi pour charmer des gens à l’étranger.

Cette situation a forcé les entreprise­s à émettre des mises en garde sur leur site web concernant l’utilisatio­n de leur enseigne, dans le cadre d’un frauduleux stratagème visant à recruter de nouveaux talents.

Chez Pomerleau, la direction mentionne avoir reçu « des dizaines de signalemen­ts » depuis juin. L’entreprise a même ouvert une enquête avec l’aide de ses avocats.

« Cette fraude semble viser l’industrie de la constructi­on », indique Debby Cordeiro, vice-présidente aux communicat­ions chez Pomerleau. « Les fraudeurs ciblent des gens à l’étranger, soit en Amérique du Sud et en Europe de l’est. Ils se font passer pour nous en trafiquant notre nom, et ils offrent aux personnes un emploi avec un contrat où ils tentent d’obtenir de l’informatio­n, comme des données bancaires », poursuit-elle.

Cette dernière précise que les fraudeurs font miroiter l’idée de pouvoir fournir les documents nécessaire­s pour travailler au Canada plus rapidement. Dans leur offre, ils utilisent aussi des projets sur lesquels Pomerleau collabore pour augmenter la crédibilit­é de la missive.

« Ils ciblent, par exemple, un ingénieur en Amérique du Sud pour venir travailler sur l’un des chantiers au Québec. Le contact se fait par courriel ou sur les réseaux sociaux. La victime voit souvent l’offre comme une bonne nouvelle », dit Mme Cordeiro, précisant ne pas avoir eu connaissan­ce que des travailleu­rs au Québec avaient été sollicités.

C’est la deuxième fois que l’entreprene­ur général vit cette situation. Son nom avait aussi été utilisé lors d’un stratagème similaire en 2015. La direction précise qu’aujourd’hui, la fraude semble « plus importante ». Une situation qu’elle juge « inquiétant­e ».

Chez Aecon, qui vit le même problème, on retrouve sur le site internet de l’entreprise une liste des courriels frauduleux. Dans certains cas, les fraudeurs proposent d’accélérer le processus de demande de visa de travail en échange d’un paiement.

« Ces offres sont frauduleus­es et visent à extorquer de l’argent aux victimes », déplore Aecon. « Nous prenons cette affaire extrêmemen­t au sérieux ».

PLUS FRÉQUENT À L’AVENIR

Selon le président-directeur général d’eva-technologi­es, une firme en cybersécur­ité, il ne serait pas surprenant que ce type d’arnaque gagne en popularité en raison de la demande croissante des entreprise­s québécoise­s pour de nouveaux travailleu­rs.

« Si on vise Pomerleau, les fraudeurs communique­nt probableme­nt avec des gens dans le milieu de la constructi­on. Avec une liste filtrée de candidats, ce stratagème pourrait être utilisé pour toutes les entreprise­s qui embauchent », s’inquiète Éric Parent.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Le site web de la multinatio­nale Aecon comporte désormais une liste des courriels frauduleux qui utilisent le nom de l’entreprise.
PHOTO COURTOISIE Le site web de la multinatio­nale Aecon comporte désormais une liste des courriels frauduleux qui utilisent le nom de l’entreprise.

Newspapers in French

Newspapers from Canada