Les noms d’aecon et Pomerleau utilisés pour dérober des données
Des fraudeurs se servent de la pénurie de main-d’oeuvre au Québec comme appât
Des fraudeurs se servent de la rareté de la main-d’oeuvre au Québec pour tenter de dérober de l’argent et des données personnelles de travailleurs. Les noms d’aecon et Pomerleau ont notamment servi pour charmer des gens à l’étranger.
Cette situation a forcé les entreprises à émettre des mises en garde sur leur site web concernant l’utilisation de leur enseigne, dans le cadre d’un frauduleux stratagème visant à recruter de nouveaux talents.
Chez Pomerleau, la direction mentionne avoir reçu « des dizaines de signalements » depuis juin. L’entreprise a même ouvert une enquête avec l’aide de ses avocats.
« Cette fraude semble viser l’industrie de la construction », indique Debby Cordeiro, vice-présidente aux communications chez Pomerleau. « Les fraudeurs ciblent des gens à l’étranger, soit en Amérique du Sud et en Europe de l’est. Ils se font passer pour nous en trafiquant notre nom, et ils offrent aux personnes un emploi avec un contrat où ils tentent d’obtenir de l’information, comme des données bancaires », poursuit-elle.
Cette dernière précise que les fraudeurs font miroiter l’idée de pouvoir fournir les documents nécessaires pour travailler au Canada plus rapidement. Dans leur offre, ils utilisent aussi des projets sur lesquels Pomerleau collabore pour augmenter la crédibilité de la missive.
« Ils ciblent, par exemple, un ingénieur en Amérique du Sud pour venir travailler sur l’un des chantiers au Québec. Le contact se fait par courriel ou sur les réseaux sociaux. La victime voit souvent l’offre comme une bonne nouvelle », dit Mme Cordeiro, précisant ne pas avoir eu connaissance que des travailleurs au Québec avaient été sollicités.
C’est la deuxième fois que l’entrepreneur général vit cette situation. Son nom avait aussi été utilisé lors d’un stratagème similaire en 2015. La direction précise qu’aujourd’hui, la fraude semble « plus importante ». Une situation qu’elle juge « inquiétante ».
Chez Aecon, qui vit le même problème, on retrouve sur le site internet de l’entreprise une liste des courriels frauduleux. Dans certains cas, les fraudeurs proposent d’accélérer le processus de demande de visa de travail en échange d’un paiement.
« Ces offres sont frauduleuses et visent à extorquer de l’argent aux victimes », déplore Aecon. « Nous prenons cette affaire extrêmement au sérieux ».
PLUS FRÉQUENT À L’AVENIR
Selon le président-directeur général d’eva-technologies, une firme en cybersécurité, il ne serait pas surprenant que ce type d’arnaque gagne en popularité en raison de la demande croissante des entreprises québécoises pour de nouveaux travailleurs.
« Si on vise Pomerleau, les fraudeurs communiquent probablement avec des gens dans le milieu de la construction. Avec une liste filtrée de candidats, ce stratagème pourrait être utilisé pour toutes les entreprises qui embauchent », s’inquiète Éric Parent.