Le Journal de Quebec

Le BEI demande au juge de museler les médias

- JEAN-LUC LAVALLÉE

Le Bureau des enquêtes indépendan­tes (BEI) demande des mesures exceptionn­elles de confidenti­alité au tribunal afin de museler les médias, soucieux d’éviter de subir le même sort que L’UPAC, victime de dizaines de fuites depuis 2012.

Dans sa requête présentée au juge André Perreault – qui sera débattue en décembre – le BEI vise Québecor Média, Radio-canada, Cogeco Média,

La Presse, The Gazette et Bell Média. « L’enquête Projet Serment (sur les fuites d’éléments de preuve de L’UPAC dans les médias) est une enquête complexe et d’envergure. L’équipe d’enquête de Serment considère que le maintien du caractère confidenti­el de l’enquête est essentiel et que le dévoilemen­t d’éléments nuira à sa progressio­n », peuton lire dans la requête.

Le BEI demande au tribunal d’ordonner « le huis clos, la non-diffusion et la non-publicatio­n à chaque fois où il y a une référence à la preuve communiqué­e par l’équipe d’enquête de Serment dans le présent dossier », a-t-on appris hier, en marge de l’audience de Nathalie Normandeau et de ses coaccusés.

« Le requérant soumet que les effets bénéfiques de ces ordonnance­s sont plus importants que ses effets préjudicia­bles sur les droits et les intérêts du public. »

OPPOSITION DES MÉDIAS

Les médias ont déjà annoncé leur intention de contester la requête du BEI. « Il s’agit d’une demande inusitée et allant à l’encontre de la liberté de presse. Elle nous apparaît non justifiée dans les circonstan­ces », a réagi Me Bernard Pageau, l’avocat de Québecor.

À l’origine, le BEI voulait même empêcher les médias de diffuser le contenu de cette requête de façon provisoire, mais les procureurs y ont finalement renoncé durant l’audience hier.

Dans un affidavit lourdement caviardé, signé dans les derniers jours, le BEI a soumis en annexe une liste de 37 reportages produits par différents médias à partir d’informatio­ns « privilégié­es » entre 2012 et 2018, dont une vingtaine par le Bureau d’enquête de Québecor.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? L’ancienne vice-première ministre était accompagné­e de son avocat, Me Maxime Roy, hier, au palais de justice de Québec. Elle fait face à des chefs d’accusation de fraude envers le gouverneme­nt, abus de confiance et corruption dans les affaires municipale­s.
PHOTO SIMON CLARK L’ancienne vice-première ministre était accompagné­e de son avocat, Me Maxime Roy, hier, au palais de justice de Québec. Elle fait face à des chefs d’accusation de fraude envers le gouverneme­nt, abus de confiance et corruption dans les affaires municipale­s.

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