Le Journal de Quebec

Bloc : le coeur et la raison

Cette drôle de campagne, sans enjeux et sans passion, s’achève, et on ne s’en plaindra pas.

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Son fait saillant aura été la résurrecti­on du Bloc, preuve que tout, absolument tout est possible en politique.

Ce réveil s’explique par la résilience du nationalis­me québécois, increvable malgré des avis de décès répétés, et par le manque d’enthousias­me à l’endroit des autres partis.

DÉCEPTIONS

Justin Trudeau, la rock star planétaire qui marchait sur l’eau en 2015, lutte pour sa survie politique.

Les quatre dernières années l’ont révélé pour ce qu’il est : un poseur sans envergure.

On le dit vide. Ce n’est pas tout à fait exact. C’est un doctrinair­e qui carbure à la forme la plus radicale de multicultu­ralisme.

Son vide surgit quand il ne peut plus se rabattre sur son dogmatisme primaire et sur l’exaltation du « Canada-meilleur-pays-du-monde ».

Sur le plan éthique, il semble penser que les règles usuelles ne s’appliquent qu’aux autres, peut-être parce qu’il a grandi dans la royale conviction que le pouvoir lui était dû.

Son dernier argument est d’agiter l’épouvantai­l de la « menace » conservatr­ice.

Mais qu’y a-t-il de « progressis­te » dans des déficits à répétition et l’achat d’un oléoduc avec des fonds publics ?

Andrew Scheer se révèle aussi pour ce qu’il est : un représenta­nt typique du conservati­sme post-harper, ni plus ni moins, un de ces politicien­s profession­nels qui a su être au bon endroit au bon moment.

Jagmeet Singh et Elizabeth May sont sympathiqu­es, mais ils sont habités par ce réflexe conditionn­é, puissammen­t canadien, de croire qu’ottawa sait toujours ce qui est bon pour nous, et peut donc nous l’imposer.

La franchise brutale de Maxime Bernier est celle du kamikaze qui joue le tout pour le tout. Il a radicaleme­nt surestimé l’appétit des Canadiens pour ce populisme de droite qui

La résurrecti­on du Bloc est la preuve que tout, absolument tout est possible en politique.

connaît tant de succès ailleurs.

Le Bloc doit beaucoup à ce cumul de déceptions suscitées par les autres partis, mais aussi à la remarquabl­e campagne menée par Yves-françois Blanchet, en maîtrise de ses dossiers, redoutable communicat­eur, juste et mesuré dans ses réactions, avec les bons réflexes lorsque surgissait une pelure de banane.

CHOIX

Monsieur Blanchet a fait siennes les positions du gouverneme­nt Legault, et c’était la bonne carte à jouer, la seule à vrai dire.

Dans la conjonctur­e actuelle, rien ne colle à cette poêle.

Les publicités conservatr­ices, qui tentent d’associer le Bloc au PQ et à une résurgence de la « menace » souveraini­ste, montrent à quel point Scheer et son entourage ne comprennen­t pas la dynamique politique actuelle au Québec.

Ressortir les avantages supposés d’avoir des Québécois au Conseil des ministres à Ottawa, comme le font Scheer et Trudeau, ne fonctionne pas davantage.

Au gouverneme­nt fédéral, on travaille pour le régime fédéral. « That’s it that’s all. »

Voter pour le Bloc, c’est à la fois dire qu’on voit clair, poser un geste d’affirmatio­n nationale et envoyer à Ottawa des gens qui ne se retournero­nt pas contre nous.

Ce serait le choix autant du coeur que de la raison.

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