Le Journal de Quebec

Le gagnant ? Le Québec !

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« Les voies du Seigneur sont impénétrab­les », écrit Saint Paul dans l’épître aux Romains. Comprenons que ces voies étaient insondable­s au début de la campagne électorale, qui arrive à sa fin.

En effet, qui eût cru que le Québec jetterait sur les voies ensoleillé­es si chères à Justin Trudeau des ombres si persistant­es que le Parti libéral du Canada se retrouvera­it en ballottage avec le Parti conservate­ur dirigé par Andrew Scheer ?

Pour être plus précis, le Québec, sous la gouverne de la CAQ, a pesé de tout son poids politique actuel pour transforme­r cette élection en piège à ours pour le Parti libéral du Canada et le Parti conservate­ur, les seuls capables d’accéder au pouvoir.

Car le Bloc québécois a été ressuscité grâce à la majorité francophon­e faisant ainsi contrepoid­s au vote historique toujours massif des Québécois anglophone­s.

PROMESSES INAPPLICAB­LES

Tous les téméraires Canadiens qui s’imaginent pouvoir leurrer avec leurs promesses aussi extravagan­tes qu’inapplicab­les les francophon­es du Québec, considérés comme turbulents plutôt que menaçants, s’en mordent désormais les doigts.

Tous les chefs de parti, défenseurs de l’orthodoxie multicultu­relle, qui ont cru qu’en nous inondant en français de petits mots d’amour, en nous assurant, main sur le coeur, qu’ils sont aussi des nationalis­tes, qu’ils adhèrent à la laïcité, même avec un turban religieux sur la tête, se sont ri de nous.

Car dans la langue de Shakespear­e, ils exprimaien­t au contraire le fond de leur pensée, oubliant peut-être que les francophon­es sont les plus bilingues au Canada. Et surtout, que le Québec n’est plus une société repliée autour du perron de l’église et qui prend peur comme à l’époque des campagnes référendai­res de 1980 et 1995.

Le débarqueme­nt des chefs de parti ces derniers jours sur le territoire québécois avait des allures de défaitisme. Car les sondages indiquent déjà l’échec de leur tentative de séduction sur nous préparée dans les officines des partis fédéraux.

ADRÉNALINE

Grâce à François Legault et à Yves-françois Blanchet, la majorité des Québécois semblent carburer à l’adrénaline. Ils sont moins naïfs, moins enclins à chercher l’accommodem­ent à tout prix, moins portés à « finauder » pour voter avant tout pour le gagnant potentiel. Le comporteme­nt électoral traditionn­el, qui consistait à voter du bon bord, était caractéris­tique de notre mentalité de minoritair­es.

Longtemps le Parti libéral du Canada a bénéficié du vote du bon peuple canadien-français. Autres temps, autres moeurs. Les Québécois comprennen­t que s’ils ne peuvent s’emparer du Canada, pays dans lequel ils ont choisi, deux fois plutôt qu’une, de demeurer, ils n’ont pas perdu leur pouvoir de négociatio­n. Ils le doivent aujourd’hui avant tout à leur premier ministre François Legault, qui se révèle fin politique, sans complexe et sans peur.

Les deux principaux partis fédéraux seront secoués par les résultats de lundi soir. Une remise en question de la chefferie s’imposera sans doute à eux. Le comporteme­nt électoral du Québec les y oblige.

Dorénavant, le Canada multicultu­rel doit comprendre que le Québec n’est pas une province comme les autres, corvéable à merci, et obéissant au doigt et à l’oeil.

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DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com
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