Le Journal de Quebec

Les élections fédérales, « c’est nous » !

- antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

Le Québec est l’enfant chéri du Dominion, se plaignait le premier ministre du Nouveau-brunswick, Blaine Higgs, hier.

Sur plusieurs plans, c’est évidemment faux. Les Maritimes sont légèrement plus gâtées en termes de péréquatio­n (par tête de pipe), mais aussi de contrats navals, pour ne se limiter qu’à deux aspects.

Surtout, le Québec n’a jamais obtenu réparation pour l’outrage du rapatrieme­nt de la Constituti­on sans son consenteme­nt et n’est pas prêt de l’obtenir. Cela explique entre autres la survie du Bloc québécois, dont la naissance et la raison d’être sont liées à l’échec des tentatives de réparation de 1987 et de 1992.

CAMPAGNE QUÉBÉCOISE

Force est d’admettre cependant que dans cette campagne, il a été énormément question du Québec.

Dans le seul et unique débat anglophone, c’était manifeste (… du moins dès que la cacophonie cessait).

Tous les chefs — dont trois sur six viennent du Québec — ont débattu de la loi 21, du dossier Snc-lavalin, de la réticence québécoise face aux oléoducs.

Les 78 sièges du Québec sont cette année cruciaux pour tout parti souhaitant former un gouverneme­nt.

À l’inverse, en 2008, mais surtout en 2011, Stephen Harper a pu former des gouverneme­nts tout en se contentant d’une poignée de sièges au Québec. Cette fois, libéraux et conservate­urs ont besoin du Québec.

Les bleus de Scheer ont tout tenté pour le séduire, notamment en recrutant une équipe de candidats principale­ment composée de personnage­s engagés dans leur milieu.

Les libéraux ont trouvé le talon d’achille de Scheer en agitant l’épouvantai­l de l’avortement, et plus généraleme­nt du conservati­sme social. L’attaque a fait mouche. Les caricaturi­stes le dessinent avec soutane et collet romain. L’impréparat­ion du chef conservate­ur a aggravé les choses.

Et malgré ses valeureuse­s promesses sur le respect des priorités et compétence­s du Québec, malgré son serment maintes fois réitéré de ne pas joindre une contestati­on de la loi 21, plusieurs Québécois, foncièreme­nt méfiants de tout ce qui est religieux, continuent de le bouder.

Quant à Justin Trudeau, il a manifestem­ent retrouvé sa fierté québécoise, mais tient à l’axer autour des seules valeurs « progressis­tes », ne cédant rien ni au nationalis­me ni au laïcisme à la québécoise. Sera-ce suffisant face à « Jagmeet le sympathiqu­e » ?

LE FACTEUR LEGAULT

Pourquoi a-t-il tant été question du Québec ?

L’effet Legault, évidemment. Et cela ne tient pas seulement à ses sorties senties pour défendre les intérêts du Québec. Après tout, Jean Charest en 2008 et même Philippe Couillard en 2015 en avaient fait autant.

La voix de Legault porte davantage, d’abord parce qu’il s’est borné à quatre demandes, habilement récupérées par Yves-françois Blanchet. Ensuite et surtout : son succès électoral éclatant est encore récent et a changé la donne.

Un nationalis­me au pouvoir, non souveraini­ste (donc qui veut participer à l’aventure du Dominion), on n’a pas vu ça depuis la fin du 2e mandat Bourassa, en 1994. Et même avant de voir l’issue du scrutin de lundi, on peut affirmer que ce fut déterminan­t.

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ANTOINE ROBITAILLE e Blogueur au Journal
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Pourquoi a-t-il tant été question du Québec ? L’effet Legault, évidemment.

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