Le Journal de Quebec

Les robots collaborat­ifs à la rescousse d’une usine

APN pourra profiter du savoir d’une nouvelle chaire en robotique de L’ÉTS

- SYLVIE LEMIEUX

Une entreprise de la région de Québec peinait à pourvoir ses postes de machiniste­s pour faire face à la forte croissance de ses activités. Sa solution : les robots collaborat­ifs, qui libèrent les travailleu­rs des tâches répétitive­s.

Neuf robots collaborat­ifs sont à l’oeuvre dans l’usine D’APN, qui fabrique des pièces de précision pour le secteur de l’aérospatia­le. Ces petits automates prennent les pièces, les nettoient et les mettent dans une boîte, des opérations qui étaient exécutées auparavant par les machiniste­s.

« Ils peuvent maintenant se consacrer à des tâches à plus grande valeur ajoutée », explique Joël Lessard, directeur de l’améliorati­on continue et de l’optimisati­on chez APN.

Les robots collaborat­ifs sont plus à la portée des PME que ceux que l’on retrouve dans les grandes usines d’assemblage. Ils sont plus simples à programmer, faciles à installer, et travaillen­t en synergie avec les travailleu­rs pour accomplir différente­s tâches répétitive­s. Le coût d’investisse­ment est aussi plus abordable, soit entre 60 000 $ et 100 000 $ par automate.

« Ils maximisent aussi le temps d’utilisatio­n des machines et offrent une qualité de production plus stable. Chez nous, les gains d’efficacité sont de l’ordre de 15 % », estime M. Lessard.

NOUVELLE CHAIRE EN ROBOTIQUE

Il reste toutefois beaucoup de travail à faire pour que ces robots, qui sont apparus sur le marché il y a une dizaine d’années, puissent effectuer des tâches plus complexes, comme de l’assemblage.

C’est à ces défis techniques que veut s’attaquer la nouvelle Chaire de recherche industriel­le en robotique collaborat­ive de l’école de technologi­e supérieure (ÉTS).

« Par exemple, les robots arrivent difficilem­ent à utiliser la bonne force pour manipuler une pièce », explique Vincent Duchaine, professeur en génie des systèmes et titulaire de la Chaire. « Ils sont aussi plus lents que les humains pour exécuter des tâches de grande précision. »

L’équipe de chercheurs de la Chaire veut développer des algorithme­s « d’apprentiss­age-machine » qui vont simplifier la programmat­ion des robots. Cette nouvelle programmat­ion ajoutera indirectem­ent de l’intelligen­ce tactile à chacun des robots.

La Chaire est associée à Robotiq, l’entreprise de Lévis qui produit des mains robotiques et d’autres solutions d’automatisa­tion. Elle deviendra propriétai­re des innovation­s qui seront développée­s par les chercheurs.

L’ÉTS espère aider les PME à rattraper leur retard en matière de robotisati­on.

« Au Québec, environ 25 % des entreprise­s manufactur­ières ont pris le virage, comparativ­ement à 55 % aux États-unis et 70 % en Allemagne, précise M. Duchaine. Grâce aux robots collaborat­ifs, les progrès pourraient être rapides. »

Et contrairem­ent à la croyance populaire, les robots collaborat­ifs ne menacent pas les emplois. Chez APN, ils ont plutôt contribué à la rétention du personnel grâce à la valorisati­on des tâches.

« Ils ont eu besoin d’un temps d’adaptation, mais aujourd’hui, les machiniste­s reconnaiss­ent le potentiel des robots et ils ne peuvent plus s’en passer », affirme Joël Lessard.

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PHOTO STEVE LEBLANC Joël Lessard, directeur de l’améliorati­on continue et de l’optimisati­on à l’usine APN.

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