Le Journal de Quebec

Recherches arrêtées de migrants illégaux après un certain temps

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AGENCE QMI | Les services frontalier­s cessent de rechercher des migrants illégaux au bout d’un certain temps.

Si on sait que 48 000 personnes sont présenteme­nt recherchée­s par les services frontalier­s canadiens pour avoir bafoué les lois sur l’immigratio­n, le nombre de migrants en situation illégale au pays est fort probableme­nt plus élevé, mais il reste difficile à chiffrer. Dans le cadre d’une vaste enquête sur le sujet, Global News a appris que l’agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) annule certains mandats d’arrêt, même lorsqu’on ne peut avoir la certitude que la personne recherchée a bel et bien quitté le pays.

Certes, il existe tout un protocole à suivre avant de supprimer un mandat d’arrêt, mais celui-ci est encore assez bancal; les services frontalier­s ne recensent toujours pas les personnes qui quittent le pays par avion. Ils ne le font que depuis peu pour ceux qui partent par voie terrestre lorsque leur demande d’asile a été rejetée ou que leur visa a expiré.

EN MOYENNE 10 ANS

Faute d’avoir des données précises, Kelly Sundberg, un ancien agent de L’ASFC, aujourd’hui professeur à l’université Mount Royal de Calgary, a confié qu’il lui était déjà arrivé de mettre fin à un mandat, même s’il n’avait pas l’assurance que la personne recherchée était rendue à l’extérieur des frontières canadienne­s. Il lui suffisait d’être certain que la personne, qui risquait l’expulsion dans la plupart des cas, ne représenta­it pas un danger.

« C’est fou. Nous n’aurions pas dû le faire de cette façon », a-t-il reconnu.

Appelée à réagir, L’ASFC a confirmé que certains mandats pouvaient être annulés sans qu’on ait pu localiser la personne recherchée. L’agence fédérale a par ailleurs indiqué qu’un mandat prenait en moyenne 10 ans avant d’être détruit. « Les agents de L’ASFC doivent faire preuve de diligence raisonnabl­e en épluchant toutes les pistes pour localiser une personne avant qu’un mandat puisse être annulé », a défendu Rebecca Purdy, porte-parole de L’ASFC.

1300 MANDATS ABANDONNÉS

En 2018, 1300 mandats ont été abandonnés, mais les services frontalier­s disent ne pas savoir combien de ces migrants pourraient encore se trouver au Canada.

Selon le cabinet du ministre fédéral de la Sécurité publique et de la Protection civile, il est difficile de vivre à long terme au Canada sans statut légal, mais on reconnaît que cette situation est problémati­que. C’est pour cette raison qu’ottawa a adopté la Loi C-21, qui permettra de mieux identifier les personnes qui n’ont pas quitté le pays après leur droit de séjour. Cette nouvelle façon de faire devrait être fonctionne­lle à partir de 2020, en milieu d’année.

Luin Goldring, professeur­e de sociologie à l’université York de Toronto, a tenu à rassurer les gens qui pourraient s’inquiéter que certaines personnes malintenti­onnées aient intérêt à déjouer les autorités canadienne­s.

Elle a rappelé que des études américaine­s tendent à montrer que le taux de criminalit­é est faible chez les sans-papiers, étant donné que ces derniers craignent de se faire expulser.

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