Le Journal de Quebec

Elle fait pousser des citrons ici

Une femme de 29 ans a pris la relève de l’entreprise familiale et les rênes d’une ferme de 150 acres

- SYLVIE LEMIEUX

Vyckie Vaillancou­rt a laissé le monde des communicat­ions et du marketing pour devenir la première productric­e d’agrumes exotiques au Québec.

Son entreprise, O’citrus, est née durant une formation en entreprene­uriat à HEC Montréal. Comme projet de fin d’études, elle devait simuler la création d’une entreprise. Elle a alors eu l’idée d’explorer le marché des agrumes asiatiques, comme le citron yuzu, qui poussaient déjà dans les serres de la ferme familiale, à Laval.

« Mon père avait amorcé cette culture de façon expériment­ale il y a une dizaine d’années, raconte Vyckie Vaillancou­rt. Je me suis rendu compte qu’il y avait une réelle demande pour ce type de produits. »

FERME FAMILIALE

En 2017, elle a donc décidé de quitter son emploi au Groupe Robert pour s’investir à fond dans le développem­ent de son entreprise, qui est devenue une nouvelle division de la ferme Vaillancou­rt.

« J’avais la chance de disposer des installati­ons et d’arbres matures, ce qui a limité les frais au démarrage. Il faut cinq ans avant qu’un citronnier commence à produire. O’citrus n’existerait pas, n’eût été la ferme. »

PRODUCTION EN EXPANSION

Consciente qu’elle ne peut concurrenc­er les grands producteur­s, elle se concentre sur les agrumes difficiles à trouver ici, comme le citron caviar, la main de Bouddha ou le sudachi japonais.

Elle a démarré la production avec quatre citronnier­s yuzu. Aujourd’hui, elle en cultive environ 150, de diverses variétés. Elle s’apprête à les déménager dans une nouvelle serre en constructi­on qui lui permettra de doubler la superficie de production.

Ses produits ont vite eu l’heur de plaire aux restaurate­urs, sa principale clientèle. Parmi ses fidèles, il y a le Toqué!, le Roselys de l’hôtel Reine-elizabeth, le Mousso, couronné le restaurant de l’année en 2018 lors du gala des Lauriers de la gastronomi­e. Elle compte également des clients aux quatre coins de la province, de même qu’au Nouveau-brunswick.

RELÈVE AGRICOLE

Elle ne manque pas d’idées pour faire grandir O’citrus. Elle explore notamment le marché des produits dérivés, comme les concentrés de jus.

Elle mijote également plusieurs projets pour la ferme familiale, maintenant qu’elle a décidé d’en prendre la relève. Elle a longtemps refusé de travailler dans le milieu agricole, le trouvant trop exigeant, jusqu’au jour où son père, Yves, a évoqué la vente de la ferme maraîchère, qui est dans la famille depuis 185 ans.

«C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je n’étais pas sûre à 100 % de vouloir y renoncer. J’avais du mal à imaginer la ferme dans les mains d’une autre famille. Comme je suis fille unique, j’étais la seule relève. D’où la décision d’entreprend­re des études en entreprene­uriat pour voir si j’avais la bosse des affaires», raconte Vyckie.

Elle devient ainsi la première femme à prendre les rênes de la ferme maraîchère de 150 acres.

« Avant moi, il y a toutefois eu ma grandmère, qui a travaillé fort aux côtés de mon grand-père. Elle est encore très active et s’occupe du kiosque de vente. »

Vyckie a développé sa propre vision d’affaires. Cet été, elle a organisé un premier dîner champêtre avec des chefs invités qui ont cuisiné dans les champs.

« Un casse-tête sur le plan de la logistique, mais un beau succès, avec une centaine de participan­ts. Mon objectif, c’est de créer des événements pour faire vivre des expérience­s à la ferme. »

Son père l’appuie à fond dans ses projets de développem­ent. « Je suis la cause de quelques-uns de ses cheveux gris, mais il ne se plaint pas. Pour lui, ce qui est important, c’est que je l’aime, ma ferme ! »

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PHOTO MARTIN ALARIE Vyckie Vaillancou­rt avec son père, Yves Vaillancou­rt, sur la ferme familiale à Laval.

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