Un voyage un peu trop calme
Les 7 doigts présentent jusqu’à dimanche Passagers au Diamant
Spectacle de cirque tout en poésie et en musique, Passagers, de la troupe montréalaise Les 7 doigts, propose un voyage à travers les émotions associées aux départs, aux arrivées et aux déplacements sur les rails. Un voyage réussi, mais qui s’est avéré, à destination, un peu trop calme.
Un an et demi après le passage de l’énorme spectacle Réversible au Carrefour international de théâtre, Les 7 doigts étaient de retour avec ce spectacle créé à la Tohu, à Montréal, en novembre 2018.
Un spectacle totalement différent de Réversible qui était presque parfait. Passagers, disons-le tout de suite, fait plus dans la poésie et manque de rythme. On retrouve quelques « wow », ici et là, mais ils ne sont pas l’élément central de ce spectacle.
Passagers débute de belle façon avec un sifflement de train qui se fait entendre. Huit personnes, sur des chaises, sont en demi-cercle. Leurs respirations amplifiées s’entremêlent aux bruits d’un train qui avance sur les rails. Ils bougent les chaises et deviennent, tout à coup, des passagers à l’intérieur d’un wagon de train.
Ils partent en voyage et c’est la folie dans le train. Les sièges disparaissent. Les artistes font des culbutes et des acrobaties au sol. Ils occupent toute la scène.
La trame sonore est riche, variée et excellente, et elle résonne parfaitement à l’intérieur du Diamant.
Certains tableaux offrent de belles performances, comme celle de Maude Parent, qui, à la fin d’un numéro de cerceau aérien, effectue une étourdissante série de 360 à vive allure.
L’artiste québécoise rapplique, plus tard, dans un numéro de contorsion bien pensé, où elle grimpe dans les compartiments à bagages au son d’une version cabaret de Creep de Radiohead. Un bel alliage entre la contorsion et la laideur.
EN TOTALE APESANTEUR
Conor Wild offre un numéro coup de coeur au mat chinois. On le voit grimper sur le mat, couché en diagonale, pendant que des poteaux de lignes électriques sont penchés aux abords de la voie ferrée. L’ombre de l’artiste, qui exécute son numéro, se retrouve à travers les poteaux projetés sur l’écran. Il termine avec une belle finale en totale apesanteur.
Brin Schoellkopf présente, lui aussi, un numéro de fil de fer réussi, où il glisse, pivote, se déplace sur une jambe, sautille et réalise le grand écart, au son du violon. On le voit, sur une projection, couché sur un wagon en mouvement. Il rêve.
Passagers offre de la belle musique, un superbe environnement visuel, mais manque un peu de rythme dans sa présentation. On est un peu plus dans l’introspection. On retrouve de très belles images et de belles chorégraphies à travers l’heure et demie du spectacle.
On aurait aimé être plus transporté et envahi par les émotions, mais il arrive parfois que certains voyages, même s’ils sont intéressants et réussis, soient moins mémorables.