Le Journal de Quebec

DENIS VAUGEOIS UN VOYAGE DANS LE TEMPS

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

On dit souvent que le temps passe trop vite, une impression qui est d’autant plus grande pour une personne occupée et engagée comme Denis Vaugeois, qui n’a malgré tout absolument pas l’intention de s’en laisser imposer par ses 84 ans.

Enseignant, historien, ex-haut fonctionna­ire et ministre au sein du gouverneme­nt de René Lévesque, M. Vaugeois a aussi trouvé moyen de consacrer de nombreuses années à sa carrière d’auteur et d’éditeur.

M. Vaugeois m’accueille dans sa résidence de Sillery, à Québec, ville qu’il a adoptée après son passage en politique. « Je vous fais faire le tour du propriétai­re », lance-t-il avant de m’entraîner dans une grande pièce qu’il affectionn­e beaucoup. Celle-ci se trouve à l’arrière de la maison qu’il habite toujours avec son épouse.

Le couple, qui soulignera bientôt ses 60 ans de mariage, partage notamment la passion des livres. Elle est libraire. Ils ont eu quatre enfants, et on les sent très complices.

Dans cette pièce, où M. Vaugeois écrit, effectue de la recherche et parcourt des manuscrits, s’empilent des centaines de livres. Certains sont disposés sur des tables, et d’autres sont rangés dans d’immenses bibliothèq­ues, dont une qui fait tout un mur.

L’un de ses derniers ouvrages porte sur la famille Vaugeois. « J’ai révélé des secrets là-dedans qui font que certains membres de ma famille ne me parlent plus, glisse-t-il. Mais je suis historien, et la vérité est importante, même si certains sujets ne font pas notre affaire. »

Nous filons ensuite à l’extérieur où, coup de chance, il fait beau et chaud en ce début d’automne. L’un de ses genoux le fait désormais souffrir, et l’empêche de se défouler sur les courts de tennis, un sport qu’il adorait pratiquer.

Si la mécanique, comme on dit, connaît quelques inévitable­s ratés, la mémoire demeure infaillibl­e, préalable à un très agréable voyage dans l’histoire du Québec. Même la voix de M. Vaugeois semble appartenir à une personne beaucoup plus jeune. Quand on le lui fait remarquer, il rit de bon coeur, flatté.

PASSAGE DÉTERMINAN­T

Denis Vaugeois naît à Saint-tite, où son père possède un petit commerce. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cependant, les affaires sont difficiles. Les clients ont de plus en plus recours au crédit, et son père est contraint de fermer boutique.

La famille déménage à Trois-rivières, avant la fin de l’année scolaire. Ils laissent leur fils à Saint-prosper, chez ses grands-parents maternels. Cet épisode sera marquant, souligne le principal intéressé.

Âgés, les grands-parents Massicotte habitent sur une ferme. Sans ce séjour de plusieurs mois chez eux, M. Vaugeois n’aurait sans doute pas eu la chance de les connaître. Il y retournera à plusieurs reprises, quelques années plus tard, pour travailler à la ferme pendant l’été. C’est là, dit-il, qu’il a appris à se débrouille­r et à faire ses preuves.

Il y vivra également un premier contact avec l’histoire, puisqu’il participe à la préparatio­n du centenaire du village, en recueillan­t des antiquités pour organiser le défilé et mobiliser les gens. « Ça m’a influencé sur le plan politique aussi », raconte celui qui a été en mesure de voir concrèteme­nt ce que pouvait apporter la politique.

Chez ses parents à Trois-rivières, l’éducation représenta­it une priorité. Le premier geste qu’a en effet posé son père encore chômeur, en arrivant là-bas, a été d’aller à la rencontre des Filles-de-jésus. Ces religieuse­s françaises dirigeaien­t une école privée. Il souhaite y inscrire ses enfants, mais devra patienter encore. « On n’avait pas été acceptés tout de suite », relate M. Vaugeois.

Puis, avant même que le futur historien se rende sur les bancs d’école, sa mère, enseignant­e jusqu’à son mariage, avait commencé à lui apprendre à lire et à écrire. « Surtout, elle me faisait apprendre des textes par coeur, les réciter, et ça, pour moi, c’était un peu l’horreur, car à chaque fois qu’il y avait des réunions de famille, je devais réciter quelque chose », racontet-il en riant.

HAPPÉ PAR L’HISTOIRE

Lorsqu’il décide d’étudier en lettres, Denis Vaugeois sème la consternat­ion chez ses professeur­s. « Ça voulait

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Denis Vaugeois a été décoré de nombreux prix, honneurs et distinctio­ns au fil des ans, tant dans le monde de l’édition que dans celui de la politique. Il a été fait officier de l’ordre national du Québec il y a cinq ans, et a été admis à l’académie des Grands Québécois en 2015.
PHOTO STEVENS LEBLANC Denis Vaugeois a été décoré de nombreux prix, honneurs et distinctio­ns au fil des ans, tant dans le monde de l’édition que dans celui de la politique. Il a été fait officier de l’ordre national du Québec il y a cinq ans, et a été admis à l’académie des Grands Québécois en 2015.
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