Réélire Trump : tellement fou que ça peut marcher !
Normal de conclure, à distance ou ici même à Washington, que Donald Trump vit dans une réalité alternative, parsemée de ces « faits alternatifs » que Kellyanne Conway, la plus scandaleuse de ses conseillers, a évoqués moins de 48 heures après son entrée à la Maison-blanche.
Une « réalité » où, le long de la frontière mexicaine, un mur est en construction dans ce qui était un champ vide auparavant ; une « réalité » où ce mur est payé par les immenses revenus procurés par l’accord de libreéchange nord-américain renégocié ; une « réalité » où les milliards de dollars en droits de douane imposés aux importations chinoises sont effectivement versés par les… Chinois.
Cette « réalité » n’existe pas, peu importe ce que répète le président américain. Le « nouveau mur », c’est une vieille clôture remplacée ; les États-unis ne feront pas plus ni moins d’argent avec le nouvel ALENA ; les tarifs, ce sont les entreprises et les consommateurs américains qui les assument, pas les Chinois.
Curieusement toutefois, comme dans un diagramme de Venn, il existe une intersection de la réalité et de la réalité alternative du président où les éléments assemblés donnent un résultat… ahurissant : Donald Trump va remporter haut la main l’élection présidentielle de novembre 2020 !
LES ÉCONOMISTES ET LEURS BOULES DE CRISTAL
Trump ne rate jamais une occasion de vanter la bonne santé de l’économie américaine : la création d’emplois se maintient, le taux de chômage reste historiquement bas, les salaires s’accroissent, la valeur des maisons unifamiliales a grimpé de plus de 20 % et l’euphorie continue de régner sur les places boursières avec près de 30 % de gain depuis son entrée à la Maison-blanche.
Ce sont ces faits bien réels qui poussent les économistes à prédire que le milliardaire new-yorkais n’a pas à planifier son déménagement : il sera réélu à la présidence et facilement à part de ça ! Moody’s Analytics, par exemple, pronostique un écart encore plus large au collège électoral que les 304 votes contre 227 pour Hillary Clinton de 2016. Même conclusion chez Trend Macrolytics qui ne s’est pas trompé dans ses prédictions depuis 1952.
PARTISANS UN JOUR, PARTISANS TOUJOURS
Ces firmes ne voient qu’une façon d’échapper à ce scénario : un « ralentissement majeur de l’économie » comme l’indique Oxford Economics qui, sans cela, s’attend à ce que Trump récolte 55 % du vote populaire (lui qui n’avait reçu que 46 % d’appui en 2016 contre 48 % à sa rivale démocrate).
Elizabeth Warren, la candidate à l’investiture démocrate, impressionne par les foules qu’elle réunit, fréquemment plusieurs milliers de personnes, plus que tout autre prétendant démocrate. Pourtant, c’est ce que Donald Trump réussit systématiquement.
À Dallas, par exemple, jeudi dernier, ils étaient 20 000 à l’écouter s’époumoner pendant… une heure vingt-sept minutes ! Même chose à Minneapolis une semaine plus tôt où certains supporteurs avaient campé pendant des jours pour s’assurer des meilleures places.
On insiste souvent sur l’impopularité de Trump dans les sondages pour prophétiser sa ruine. Cela dit, au 1000e jour de sa présidence, il ne se positionne pas désespérément plus mal qu’obama ou Reagan à pareille date dans leur premier mandat et certainement beaucoup mieux que Jimmy Carter.
Mercredi, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants qui mène une enquête de destitution contre Trump, est sortie en furie de la Cabinet Room de la Maison-blanche. L’engueulade, constellée de menaces et d’insultes, s’est terminée sur une invitation en forme de défi de la part du président : « See you at the polls! » Rendez-vous au bureau de vote ! Peutêtre n’est-il pas aussi frondeur qu’on pourrait le croire…