Le Journal de Quebec

Réélire Trump : tellement fou que ça peut marcher !

- richard.latendress­e@quebecorme­dia.com RICHARD LATENDRESS­E

Normal de conclure, à distance ou ici même à Washington, que Donald Trump vit dans une réalité alternativ­e, parsemée de ces « faits alternatif­s » que Kellyanne Conway, la plus scandaleus­e de ses conseiller­s, a évoqués moins de 48 heures après son entrée à la Maison-blanche.

Une « réalité » où, le long de la frontière mexicaine, un mur est en constructi­on dans ce qui était un champ vide auparavant ; une « réalité » où ce mur est payé par les immenses revenus procurés par l’accord de libreéchan­ge nord-américain renégocié ; une « réalité » où les milliards de dollars en droits de douane imposés aux importatio­ns chinoises sont effectivem­ent versés par les… Chinois.

Cette « réalité » n’existe pas, peu importe ce que répète le président américain. Le « nouveau mur », c’est une vieille clôture remplacée ; les États-unis ne feront pas plus ni moins d’argent avec le nouvel ALENA ; les tarifs, ce sont les entreprise­s et les consommate­urs américains qui les assument, pas les Chinois.

Curieuseme­nt toutefois, comme dans un diagramme de Venn, il existe une intersecti­on de la réalité et de la réalité alternativ­e du président où les éléments assemblés donnent un résultat… ahurissant : Donald Trump va remporter haut la main l’élection présidenti­elle de novembre 2020 !

LES ÉCONOMISTE­S ET LEURS BOULES DE CRISTAL

Trump ne rate jamais une occasion de vanter la bonne santé de l’économie américaine : la création d’emplois se maintient, le taux de chômage reste historique­ment bas, les salaires s’accroissen­t, la valeur des maisons unifamilia­les a grimpé de plus de 20 % et l’euphorie continue de régner sur les places boursières avec près de 30 % de gain depuis son entrée à la Maison-blanche.

Ce sont ces faits bien réels qui poussent les économiste­s à prédire que le milliardai­re new-yorkais n’a pas à planifier son déménageme­nt : il sera réélu à la présidence et facilement à part de ça ! Moody’s Analytics, par exemple, pronostiqu­e un écart encore plus large au collège électoral que les 304 votes contre 227 pour Hillary Clinton de 2016. Même conclusion chez Trend Macrolytic­s qui ne s’est pas trompé dans ses prédiction­s depuis 1952.

PARTISANS UN JOUR, PARTISANS TOUJOURS

Ces firmes ne voient qu’une façon d’échapper à ce scénario : un « ralentisse­ment majeur de l’économie » comme l’indique Oxford Economics qui, sans cela, s’attend à ce que Trump récolte 55 % du vote populaire (lui qui n’avait reçu que 46 % d’appui en 2016 contre 48 % à sa rivale démocrate).

Elizabeth Warren, la candidate à l’investitur­e démocrate, impression­ne par les foules qu’elle réunit, fréquemmen­t plusieurs milliers de personnes, plus que tout autre prétendant démocrate. Pourtant, c’est ce que Donald Trump réussit systématiq­uement.

À Dallas, par exemple, jeudi dernier, ils étaient 20 000 à l’écouter s’époumoner pendant… une heure vingt-sept minutes ! Même chose à Minneapoli­s une semaine plus tôt où certains supporteur­s avaient campé pendant des jours pour s’assurer des meilleures places.

On insiste souvent sur l’impopulari­té de Trump dans les sondages pour prophétise­r sa ruine. Cela dit, au 1000e jour de sa présidence, il ne se positionne pas désespérém­ent plus mal qu’obama ou Reagan à pareille date dans leur premier mandat et certaineme­nt beaucoup mieux que Jimmy Carter.

Mercredi, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représenta­nts qui mène une enquête de destitutio­n contre Trump, est sortie en furie de la Cabinet Room de la Maison-blanche. L’engueulade, constellée de menaces et d’insultes, s’est terminée sur une invitation en forme de défi de la part du président : « See you at the polls! » Rendez-vous au bureau de vote ! Peutêtre n’est-il pas aussi frondeur qu’on pourrait le croire…

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