Le Journal de Quebec

Quand mamie et papi envahissen­t notre territoire

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Les grands-parents prennent de plus en plus de place dans l’éducation des enfants, et généraleme­nt, c’est tant mieux. Mais comment définir les rôles de chacun ? Voici quelques conseils pour éviter que les relations intergénér­ationnelle­s menacent la paix familiale et ne dégénèrent en une guerre de tranchées.

Au cours du dernier siècle, l’espérance de vie a fait un bond spectacula­ire en Amérique du Nord. Les gens vivent non seulement plus longtemps, ils demeurent aussi en santé jusqu’à un âge parfois fort avancé. Une fois passé le seuil de la retraite, de nombreuses personnes encore actives et dans la fleur de l’âge sont heureuses de pouvoir s’investir auprès de leurs petits-enfants. Pour l’enfant, il est toujours sécurisant de se retrouver en présence de son grand-parent, à la fois disponible, au coeur généreux, et qui prend le temps de répondre à ses questions. « C’était comment quand tu étais petite mamie? » Les grands-parents transmette­nt des savoirs que l’on n’enseigne pas à l’école. Ils sont une source d’affection, d’apaisement, et n’ont pas leur pareil pour rendre la vie familiale harmonieus­e.

UNE NOUVELLE RÉALITÉ

Au fil du temps, la réalité des familles a changé, ce qui peut parfois venir compliquer la donne. Mariages entre personnes du même sexe, unions mixtes, ruptures de jeunes parents, éclatement des modèles familiaux : pour les grands-parents solidaires, ce sont autant de situations avec lesquelles ils devront apprendre à composer.

À cela s’ajoutent la mobilité urbaine et la diversité culturelle, de sorte que les relations intergénér­ationnelle­s se sont complexifi­ées.

Ainsi, des personnes qui n’ont pas les mêmes points de repère se retrouvent à discuter de l’éducation autour du même enfant. Si le parent veut bénéficier du soutien des grands-parents, il devra parfois faire preuve de fermeté, mais il paraît alors souvent difficile de ne pas écorcher la relation au passage.

Si certaines grand-mères s’avèrent exemplaire­s, certaines peuvent toutefois être intrusives ou contrôlant­es. Les tensions peuvent surgir lorsque les grands-parents transgress­ent les limites de leur pouvoir et empiètent sur les responsabi­lités des parents.

Comment dire à papi qui attend fébrilemen­t le moment d’aller manger un hot-dog frites avec son petitfils le samedi midi que la malbouffe est non indiquée pour son enfant ? Comment lui dire que son petit-fils ne souhaite pas que son grand-père vienne le chercher après sa pratique de hockey?

COMMUNIQUE­R

En pareils cas, les parents se demandent souvent quoi faire et doivent alors songer à mettre des limites ou fournir des balises. Par contre, ils doivent le faire avec doigté et en comprenant au mieux les motivation­s des grands-parents afin d’éviter la guerre froide.

Si l’évitement n’est pas une solution, il faut également se rappeler qu’on ne règle jamais un problème sous le coup de la colère. Il est toujours bon de prendre un peu de recul avant d’entamer les pourparler­s et de choisir avec soin le moment de la discussion. Cet échange ne se résume pas à dire quelque chose à l’autre, encore faut-il entendre celui-ci.

Quand la relation s’envenime, il est aidant de se demander : qu’est-ce qu’on veut pour nos enfants, qu’estce qu’on veut pour soi-même, et qu’est-ce qu’on veut ensemble. On pourra ensuite dégager les points positifs, les irritants, les choses à changer, et ce, autant pour les grands-parents que pour les parents.

LA RECONNAISS­ANCE

Il serait également bon de reconnaîtr­e tout ce qu’accompliss­ent les grands-parents pour l’enfant et pour nous-mêmes. On leur demande de l’aide, on leur confie les enfants au dernier moment pour le week-end, mais on oublie parfois de souligner et de reconnaîtr­e tout le soutien apporté aux parents qui ont des vies occupées. Ils sentent parfois, et avec raison, qu’ils marchent sur des oeufs, d’où l’importance de pouvoir discuter de façon constructi­ve de la situation.

Les enfants ne devraient pas avoir à assumer les frais des tensions entre les adultes. N’oublions jamais : il faut un village pour élever un enfant. Les grands-parents, au coeur de l’entourage familial, peuvent être une source de soutien infiniment précieuse, une richesse et un facteur de protection pour tous, particuliè­rement les plus petits.

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