Le Journal de Quebec

Une garnotte hors du commun

- JONATHAN BERNIER

MADISON, Wisconsin | Les joueurs universita­ires capables de faire le saut dans le circuit Bettman après une seule saison ne sont pas légion. Pourquoi l’espoir du Tricolore ferait-il partie des exceptions ?

« Sa capacité de marquer des buts est ce qui le sépare de tous les autres. Cole est dans la même catégorie que Brett Hull, Steven Stamkos et Alex Ovechkin, a lancé Tony Granato, son entraîneur. Bien sûr, il n’a pas encore atteint la LNH, mais ce qu’il a accompli avec l’équipe de développem­ent des ÉtatsUnis prouve qu’il est dans une classe à part. Ses statistiqu­es sont plus impression­nantes que celles de Phil Kessel, Auston Matthews et Patrick Kane. »

Wow ! En quelques secondes, le pilote des Badgers a placé le nom de son joueur recrue dans le même groupe que des athlètes combinant 15 campagnes d’au moins 50 buts dans la LNH. Pourtant, Granato, qui a lui-même joué 13 saisons dans le circuit Bettman, a déjà vu neiger. Il est conscient que plusieurs espoirs à qui on promettait un brillant avenir n’ont jamais réussi à combler les attentes une fois dans la LNH.

« Vrai, a-t-il reconnu. Mais la chose la plus difficile à faire dans la LNH, c’est de mettre la rondelle dans le filet. Tu peux être bon dans un paquet de facettes du jeu, mais savoir marquer des buts, c’est l’aspect qui est plus difficile à maîtriser. Lui, il l’a. »

« J’ai joué avec Luc Robitaille et je connais bien Michel Goulet. Comme tous les autres marqueurs, ils avaient la même mentalité : “Donne-moi la rondelle, je vais compter.” Ils avaient cette confiance en eux. Cole est dans le même moule », a poursuivi Granato, ajoutant ainsi sept saisons de 50 buts à la liste des comparatif­s.

LES ENSEIGNEME­NTS DE PAUL

À sa dernière saison avec le programme national de développem­ent américain, Caufield a inscrit 72 buts, surpassant la marque de 55 détenue par Matthews. Ses 126 buts au cours de son séjour de deux campagnes dans ce programme sont 21 de plus que Kessel, détenteur de l’ancienne marque. Vendredi, il est devenu le premier joueur des Badgers, depuis John Newberry, à l’automne 1981, à marquer deux buts à chacun de ses trois premiers matchs. Le secret ? Une dégaine rapide. « C’est ce que mon père nous a enseigné », a raconté Caufield, rencontré sous les gradins du Kohl Center. « Plus vite tu dégaines, plus grandes sont les chances que la rondelle pénètre dans le filet. C’est probableme­nt la principale qualité de mon tir. »

Paul Caufield s’y connaît en la matière. En quatre saisons à Stevens Point, dans la troisième division de la NCAA, il a fait scintiller la lumière rouge avec 126 buts en 148 matchs, fracassant le record de l’institutio­n. Puis, pendant quelques étés, il a dirigé une école de hockey baptisée Shoot to score.

« Cole a indéniable­ment hérité de son lancer. Il marque des buts, peu importe la façon. Mon père faisait la même chose », a comparé Brock Caufield, frère aîné de Cole, qui porte également l’uniforme des Badgers.

« Regardez-le décocher ses tirs. En un claquement de doigts, la rondelle est partie. Un tir puissant, c’est une qualité, mais rien de vaut une dégaine rapide. Tu peux battre un gardien de n’importe quel angle. C’est ce qui fait la force du tir de Cole », a ajouté Brock.

UNE MÉTHODE PARTICULIÈ­RE

En plus de la dégaine rapide, le tir sur réception semble l’une des armes favorites de l’attaquant de 18 ans. Un art qui requiert une passe précise. Pour le commun des mortels, du moins.

« Les passes ne seront pas toujours parfaites, mais les bons joueurs trouvent une façon de décocher de bons tirs quand même. À ce niveau, je cherche constammen­t à m’améliorer », a souligné le plus jeune des Caufield.

Pour parfaire cet outil, l’espoir du Canadien utilise une méthode plutôt particuliè­re. Son frère l’explique : « Pendant l’été, on s’entraîne en se faisant des passes horribles. On s’envoie la rondelle dans les patins ou trop loin en avant. Plus la passe qu’on reçoit est mauvaise, plus on est content. Ça permet de développer la coordinati­on entre les yeux et les mains. »

Et, manifestem­ent, de remplir les filets adverses.

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PHOTO COURTOISIE DON SANGER, UW ATHLETICS À la barre des Badgers de l’univerrsit­é du Wisconsin, Tony Granato est emballé par l’évolution de Cole Caufield.

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