Le Journal de Quebec

L’insuffisan­te remontée du Bloc

JOSÉE LEGAULT

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Personne ne peut reprocher aux souveraini­stes de se réjouir des 32 sièges remportés par les bloquistes à la sueur de leur front. Après leur longue traversée du désert depuis la vague orange de 2011 et la chute du Parti québécois, leur chef Yves-françois Blanchet a tout à fait raison de conclure à la renaissanc­e de son parti.

Leurs réjouissan­ces risquent néanmoins d’être brèves. À 157 sièges sur 338, le gouverneme­nt libéral de Justin Trudeau est certes minoritair­e, mais pour obtenir la confiance majoritair­e de la Chambre des communes lorsqu’il en aura besoin, il ne lui manquera que 13 votes favorables.

Pour le Bloc, la nouvelle n’est pas bonne. À 32 sièges, la résurgence du Bloc est réelle, mais elle n’est pas suffisante pour lui donner la proverbial­e « balance du pouvoir ». Cette dernière appartient au NPD. Malgré sa déconfitur­e sous Jagmeet Singh, ses 24 sièges lui suffiront en effet à soutenir le gouverneme­nt Trudeau lorsque nécessaire.

CONFIRMATI­ON

Le fait est que les affinités idéologiqu­es du NPD et du PLC seront suffisamme­nt nombreuses pour faciliter cette nouvelle dynamique parlementa­ire. Ce qui, pour le Bloc et le premier ministre François Legault, anéantit en bonne partie leur espoir de voir le Québec sortir de cette élection avec un rapport de forces nettement plus musclé face au fédéral.

En cela, le résultat du scrutin n’est que le dernier épisode en date de la marginalis­ation politique du Québec au sein de la fédération canadienne depuis les échecs de l’accord constituti­onnel du lac Meech en 1990 et du référendum de 1995. Certains nieront la réalité. Elle n’en reprend pas moins ses droits à la moindre occasion.

Que les libéraux et les conservate­urs courtisent le vote québécois aux élections va sans dire. Toutes leurs belles déclaratio­ns d’amour ne débouchent pas pour autant sur leur offre d’un accroissem­ent tangible des pouvoirs du Québec. Et encore moins, d’une reconnaiss­ance constituti­onnelle de la nation québécoise.

LE QUÉBEC COUPÉ EN DEUX

Même avec 32 sièges, le Bloc n’y pourra rien. Il fera ses « demandes » à Justin Trudeau. Poliment, il les écoutera. Si elles sont le moindremen­t substantie­lles, il les ignorera. Au Québec, le PLC a d’ailleurs lui-même raflé 35 sièges, soit trois de plus que le Bloc. Sans compter que son deuxième mandat, même minoritair­e, M. Trudeau le doit à l’ontario.

Quant au premier ministre François Legault, auprès de son propre électorat nationalis­te, il a beau jeu de s’entêter à exiger de Justin Trudeau qu’il ne conteste pas en cour la loi 21 sur la laïcité. Il peut même déclarer, comme il l’a fait hier, qu’il n’a même pas la « légitimité » pour le faire.

La réalité dit pourtant le contraire. M. Trudeau a toute la légitimité pour appuyer éventuelle­ment les recours déjà lancés contre la loi 21. Surtout, il en a le pouvoir. Par ailleurs, qu’il les appuie ou non ne changera rien à leur dénouement à la Cour suprême.

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La résurgence du Bloc québécois est réelle, mais elle n’est pas suffisante pour lui donner la « balance du pouvoir ».

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