La donne a changé à Québec
KARINE GAGNON
Comme quoi il ne suffit pas de promettre un troisième lien pour gagner le coeur des électeurs de Québec, une diversité d’élus a été choisie pour représenter la région lors du scrutin fédéral.
Avec deux libéraux, deux bloquistes et trois conservateurs, la Rive-nord a voté de façon éclectique. Le portrait se distingue de l’autre rive, où les conservateurs ont tout raflé.
Les électeurs de Québec ont choisi de tasser deux conservateurs au profit du Bloc, et ce même si le chef Andrew Scheer était le seul à avoir fait du troisième lien sa priorité dans la région.
Puis, les comtés sont également significatifs à cet égard. Ces deux défaites conservatrices sont en effet survenues dans Beauport-limoilou et dans Beauport–côte-de-beaupré–île d’orléans–charlevoix, circonscriptions qui, selon les défenseurs du troisième lien, seraient censées en bénéficier.
Il faut plus qu’un projet électoraliste pour obtenir la confiance des gens, et c’est rassurant.
RACCOURCI INTELLECTUEL
Ainsi, tous ceux qui étaient tentés de clamer que les gens de Québec avaient élu une majorité de caquistes en 2018 parce que ces derniers appuyaient un troisième lien se sont vu à nouveau rabattre le caquet lundi.
C’est le cas de Gérard Deltell, réélu avec une forte majorité lundi, mais qui pendant la campagne avait déclaré que la CAQ avait gagné de nombreux sièges dans la région avec cette promesse.
Une autre interprétation, qui s’éloigne du raccourci intellectuel trop facile, veut que la CAQ ait plutôt gagné de nombreux sièges dans la région parce que les gens avaient envie de changement.
L’élection provinciale ne consistait pas en un vote sur un seul projet, d’autant plus que ce dernier est toujours entouré d’un flou monumental et que ses effets sont loin d’être prouvés.
Il faut plus qu’un projet électoraliste pour obtenir la confiance des gens, et c’est rassurant.
BILAN LIBÉRAL
Il faudra voir maintenant comment les élus bloquistes pourront tirer leur épingle du jeu et éviter le piège de l’opposition effacée qui s’est refermé sur les élus du NPD lors de la vague orange.
Quant aux élus au pouvoir, Joël Lightbound et Jean-yves Duclos, ils devront se débrouiller pour faire avancer des dossiers qui ont stagné lors de leur précédent mandat. Qu’on pense au pont de Québec, qui a connu un dénouement tardif avec la nomination d’yvon Charest comme négociateur, ou à la Davie, qui souhaite être réintégrée dans la stratégie nationale en matière de construction navale.
Quant au tramway, son financement se voit mis à l’abri à l’issue du vote.
Les néo-démocrates, qui détiennent la balance du pouvoir, ne s’y opposeront certainement pas.
Il s’agit d’une excellente nouvelle, car la Ville de Québec semble éprouver beaucoup de difficultés dans la planification de son projet. S’il avait fallu que d’autres embûches s’en mêlent, on n’était pas sorti du bois.