Le Journal de Quebec

Les mecs plus ultra

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Vous avez été (vraiment) très nombreux à réagir à ma chronique de lundi, Vos gueules, les mecs.

Le mot qui est revenu le plus souvent ? Merci (« de dire tout haut ce que nous pensons tout bas »).

Apparemmen­t, je ne suis pas la seule à trouver qu’il y a de la place à la télévision québécoise pour une série mettant en vedette des hommes de 50 ans avec leurs « angoisses existentie­lles », comme la série Les Mecs que Radio-canada diffusera en 2020.

On reproche souvent aux hommes de ne pas assez s’ouvrir, de ne pas parler de leurs sentiments, de garder tout ça à l’intérieur. Et quand ils veulent prendre la parole, il faudrait leur dire de se taire ?

SILENCE, ON TOURNE !

William m’a écrit : « Les hommes, comme moi, qui vivent la cinquantai­ne de nos jours, se demandent pourquoi les choses sont comme elles sont. […] Tout comme l’a démontré le film L’âge des ténèbres de Denys Arcand, on se demande encore quel est notre rôle au vingtième siècle. »

Me semble que c’est en effet une bonne base de réflexion pour une comédie dramatique, non ?

Sincèremen­t, je pense qu’on est dû, au Québec, pour une franche discussion hommes-femmes.

On a besoin d’entendre les craintes, les espoirs, les malaises, les blessures, la détresse, la déroute, des uns et des autres, des femmes et des hommes.

Je me suis amusée à faire une liste (non exhaustive) d’émissions disponible­s au Québec (en direct ou sur demande) qui montrent des groupes de femmes dont on suit les « angoisses existentie­lles ».

Mères à boutte, à Canal vie, « met en vedette cinq mères qui essaient de trouver le précieux équilibre entre le travail, la famille et leur vie de femmes ! » Descriptif d’un des épisodes : « Autour d’un verre, les cinq amies discutent du stress, de l’angoisse et de santé mentale ».

M’entends-tu ?, à Télé-québec, est « une comédie dramatique qui nous plonge dans le quotidien peu ordinaire de trois amies de longue date issues du milieu de la pauvreté ». Descriptif d’un des épisodes : « Fabiola et Carolanne s’inquiètent pour Ada. Est-ce que leur amie saura surmonter sa colère et sa culpabilit­é ou replongera-t-elle dans ses patterns, qu’elle avait enfin appris à éviter ? »

La majorité des séries qui « cartonnent » au Québec ont des personnage­s centraux féminins forts dont on suit… les angoisses existentie­lles.

Maude Guérin dans 5e rang, Mélissa Désormeaux-poulin dans Ruptures, Marina Orsini dans Une autre histoire, Julie Perreault dans L’échappée, Evelyne Brochu et Virginie Fortin dans Trop, Céline Bonnier dans L’heure bleue, etc.

Et c’était quoi, Unité 9, sinon une série sur un groupe de femmes vivant des « angoisses existentie­lles » à l’intérieur des quatre murs d’une prison ?

On a eu aussi au fil des ans, Histoire de filles, La galère, Catherine, Mauvais karma, alouette !

UN GARS/UNE FILLE

Si c’est bon pour pitou (de partager ses angoisses existentie­lles), c’est bon pour minou.

Alors pourquoi la féministe Martine Delvaux trouve-t-elle « risible et pathétique » que l’on consacre UNE série à un groupe d’hommes dans la cinquantai­ne qui en arrachent ?

Mépriser les questionne­ments des hommes, minimiser leur détresse, ridiculise­r leur vulnérabil­ité, ce ne sont pas des propos haineux, ça ?

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