Victoire en prolongation
Richard Martel ne l’a pas eu facile pour conserver son siège dans Chicoutimi—le Fjord
On peut sortir l’homme du hockey, mais pas le hockey de l’homme. L’ancien entraîneur de la LHJMQ, Richard Martel, est passé par toute la gamme des émotions en l’emportant à l’arraché tard lundi soir dans la circonscription de Chicoutimi—le Fjord, une victoire qui lui a ravivé de vieux souvenirs.
Un an et demi après son éclatante victoire lors d’une élection partielle, en juin 2018, le député conservateur a eu besoin de tout son petit change cette fois pour gagner.
Tirant de l’arrière une bonne partie de la soirée derrière la candidate bloquiste Valérie Tremblay, Martel a finalement conservé son siège grâce à 614 voix d’avance, soit 36,7 % des suffrages contre 35,2 %.
Quelques minutes après sa réélection, Martel a comparé la soirée à « un match Remparts-saguenéens, et on a fini par gagner ».
Une douzaine d’heures après cette déclaration et après avoir « très bien dormi, mais pas beaucoup », l’ancien pilote des Saguenéens a approfondi sa pensée.
« Je ne pouvais pas ne pas faire un parallèle avec ma carrière d’avant, a-t-il avoué en entrevue téléphonique avec Le Journal, la voix un peu éraillée. J’ai senti beaucoup d’émotions semblables. On part et on est en dessous par 470 votes. C’était grave. Il restait une centaine de boîtes à dépouiller. On sentait un renversement, mais on n’était pas capable de le saisir, et tout d’un coup, on commence à remonter. »
« Je me promenais dans le couloir comme si on était entre deux périodes. J’ai vraiment senti que c’était 4-1 et qu’il restait dix minutes. Et après, on remontait ça tranquillement. Ça venait 4-2, 4-3. Le temps jouait, restait-il assez de temps? Je demandais à mon directeur de bureau comment il restait de boîtes, est-ce qu’on va en avoir assez? Je suis très content, c’est une victoire qu’on mérite. »
CONFIANCE
Pendant que Martel faisait les cent pas, son équipe de bénévoles s’inquiétait. Mais son expérience d’homme de hockey, combinée à ses 15 mois comme politicien, l’a aidé à garder la tête froide même quand il était en sérieuses difficultés.
« Tu es impuissant d’une certaine façon, mais d’un autre côté, il faut que tu dégages de l’assurance devant tes gens, a-t-il exprimé. Il faut que tu dégages que tu es en parfait contrôle pour baisser la tension et pour tenir jusqu’à la fin. L’émotion ne doit pas être trop haute, ni trop basse. Même quand on était en dessous, je n’avais aucune amertume. »
Martel avait d’ailleurs été prévenu par ses collègues de la Chambre des communes que cette deuxième campagne serait beaucoup plus ardue que la précédente dans le contexte d’élections générales. Le résultat montre qu’ils avaient raison.
« Une fois que tu entres, il faut que tu t’établisses. Je devais m’établir, et avec cette élection-là, je m’établis », a lâché l’instructeur le plus victorieux de l’histoire de la LHJMQ avec ses 589 victoires.
AU-DELÀ DU NOM
Si sa popularité a joué un rôle déterminant pour sa victoire à sa première expérience comme candidat, Martel estime que d’autres facteurs lui ont permis de gagner la faveur populaire à ce scrutin.
« Quand tu pars et que tu as un nom, c’est important, mais ça ne peut pas rester tout seul si le travail n’est pas fait […] Dans les commentaires, ce qui revenait, c’était ma progression, ma confiance et mon expérience que j’avais acquises depuis un an et demi. Il faut aussi que tu connaisses les enjeux. Les gens me disaient [en campagne] qu’ils commençaient à voir la personnalité de l’homme qu’ils avaient connu dans son autre carrière. »