Le Journal de Quebec

Un autre drame familial secoue le Québec

Un père de famille s’est enlevé la vie après avoir tué ses enfants, Hugo, 7 ans, et Élise, 5 ans.

- VALÉRIE GONTHIER

La récente hospitalis­ation d’un père qui a tué ses deux enfants avant de s’enlever la vie soulève des questions quant aux suivis auprès de gens en détresse, selon deux experts en psychiatri­e légale.

« Le fait qu’il soit déjà connu comme étant souffrant, qu’il avait déjà toute une infrastruc­ture autour de lui, ça me préoccupe. Surtout connaissan­t la finalité de la chose », a lancé le Dr Gilles Chamberlan­d, psychiatre à l’institut national de psychiatri­e légale Philippe-pinel.

Selon lui, à la suite de ce drame, il sera important de vérifier que tout a été fait « pour s’assurer qu’un geste grave n’arrive pas ».

« Il faudra voir quel était le filet de soutien mis autour de lui par son équipe traitante », a dit le Dr Gilles Chamberlan­d.

Sa collègue France Proulx, aussi psychiatre à Philippe-pinel, se questionne également quant au suivi offert après l’hospitalis­ation du père.

« Peut-être était-il entre deux, soit le moment entre son congé de l’hôpital et un rendez-vous en clinique externe », a-t-elle soulevé.

Et cette période, c’est celle qui est la plus « à risque » pour une personne vulnérable, a-t-elle averti.

« LA DÉGRINGOLA­DE »

« La personne n’était pas suicidaire à l’hôpital, elle reçoit congé, ce qui est justifié. Et elle se retrouve en attente d’avoir un suivi plus tard. C’est une période qui peut être extrêmemen­t difficile. Et si un facteur de stress s’ajoute, là, c’est la dégringola­de », a-t-elle expliqué.

Et malheureus­ement, bien souvent, les gens n’ont pas le réflexe de relancer l’équipe de soins, a-t-elle déploré.

« À partir du moment où la personne a demandé de l’aide, a obtenu un suivi, si ça va moins bien par la suite, c’est à elle de demander de l’aide », a poursuivi le Dr Chamberlan­d.

Mais il est difficile d’imposer des soins ou un suivi à quelqu’un qui n’en veut pas, bien qu’on ne sache toujours pas si le père a accepté l’aide ou non.

« C’est le défi qu’on a tous les jours en évaluant le risque chez une personne. Si elle ne veut pas nous donner le fin fond de sa pensée, on a peu pour imposer le bon traitement », a mentionné la Dre Proulx.

COLÈRE DANGEREUSE

Et les deux psychiatre­s s’entendent pour dire que lors d’une rupture, comme c’est le cas pour ce drame, la colère peut devenir une arme dangereuse.

« Lors d’une séparation, la personne peut réagir avec toutes sortes d’émotions : colère, tristesse, vengeance, désespoir. Ça peut être très tumultueux, surtout avec des enfants, ce qui peut augmenter la charge émotive », a expliqué la Dre Proulx.

Mais le Dr Chamberlan­d insiste : « Même s’il y a des signes, souvent, on les voit en rétrospect­ive. Le danger, c’est que les gens se culpabilis­ent et se disent : “J’aurais dû faire ci et ça”. Ce n’est pas si facilement prévisible. »

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 ?? PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK ?? La famille Pomares lors de sa cérémonie de citoyennet­é qui s’est tenue en juin. Le petit Hugo, 7 ans, et sa soeur Élise, 5 ans, ont été tués sauvagemen­t mardi soir par leur père Jonathan Pomares (au centre de la photo). Ce dernier s’est ensuite enlevé la vie.
PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK La famille Pomares lors de sa cérémonie de citoyennet­é qui s’est tenue en juin. Le petit Hugo, 7 ans, et sa soeur Élise, 5 ans, ont été tués sauvagemen­t mardi soir par leur père Jonathan Pomares (au centre de la photo). Ce dernier s’est ensuite enlevé la vie.
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GILLES CHAMBERLAN­D Psychiatre

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