Le Journal de Quebec

LES TICKETS DE LA POLICE DU TABAC EN FORTE HAUSSE

Ventes à des mineurs dans les commerces

- MARTIN LAVOIE

Le taux d’infraction­s en matière de vente de tabac aux mineurs a explosé de 79 % au cours de la dernière année au Québec par rapport à la précédente, pour atteindre un sommet en cinq ans.

Du 1er avril 2018 au 31 mars 2019, 500 infraction­s ont été constatées sur un total de 3690 visites, un taux d’échec de 13,6 %.

Un an plus tôt, 290 infraction­s du type ont été signalées sur 3830 visites, soit un taux de 7,6 %.

« On ne peut toutefois établir de tendance claire, les données variant d’une année à l’autre. L’explicatio­n (de la hausse) est que davantage de commerçant­s n’ont pas respecté la loi », explique Noémie Vanheuverz­wijn, de la direction des communicat­ions du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), l’entité dont relèvent les inspecteur­s chargés d’appliquer la loi concernant la lutte contre le tabagisme.

« Si on recule de 15 ans, on avait des taux de conformité de 50 %. Ça s’est toujours amélioré depuis. Je suis surpris de cette augmentati­on. J’ai de la misère à l’expliquer. Peut-être que le gouverneme­nt a mis l’accent sur la vente aux mineurs cette année », avance Yves Servais, directeur général de l’associatio­n des dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ)

La vente de tabac à un mineur conduit à une amende de 2500 $ pour le commerçant et de 500 $ pour l’employé.

En cas de récidive, les amendes sont doublées, mais surtout, le commerce perd son permis de vente du tabac pour trois mois.

RAS-LE-BOL

«Pensez-vous vraiment que les détaillant­s veulent vendre du tabac aux mineurs? Les inspecteur­s s’y prennent parfois sournoisem­ent. Comme en faisant acheter du papier à rouler, qui est un accessoire du tabac. Ils se présentent aux changement­s de quart, ou quand il y a de l’achalandag­e », peste M. Servais.

L’AMDEQ fournit à ses membres un formulaire intitulé « Montrez vos cartes » que l’employé doit remplir et signer quotidienn­ement et dont 10 des 13 points concernent la vente de tabac. « On a aussi une formation en ligne. De la sensibilis­ation, on en fait à longueur de semaine », affirme M. Servais.

Les contravent­ions peuvent cependant être contestées. « Dans la jurisprude­nce, le juge dit qu’un détaillant a une obligation de moyens et non de résultats. Ça peut arriver qu’un employé l’échappe. S’il prouve qu’il a pris les mesures nécessaire­s pour empêcher les infraction­s, un juge peut acquitter un détaillant », précise M. Servais.

LES EFFORTS D’UN DÉTAILLANT

Martin Couture, qui opère un dépanneur sur le boulevard Wilfrid-hamel, à Québec, estime que son commerce tire 25 % de ses profits des ventes du tabac.

«Je répète continuell­ement à mes employés de demander les cartes. À chaque quart, un employé doit remplir la feuille de L’AMDEQ et la signer. J’appelle la fin de semaine pour faire des rappels. J’ai des autocollan­ts partout pour rappeler qu’on “carte”. Est-ce que je peux en faire plus? Je suis ouvert 117 heures par semaine, je ne peux pas être ici tout le temps. Pourtant, un employé pourrait quand même faire une erreur », craint-il.

 ?? PHOTO MARTIN LAVOIE ?? Yves Servais, de L’AMDEQ, et Martin Couture, propriétai­re d’un dépanneur. Ils se trouvent devant une caisse qui rappelle au commis que des produits requièrent que l’acheteur soit âgé d’au moins 18 ans.
PHOTO MARTIN LAVOIE Yves Servais, de L’AMDEQ, et Martin Couture, propriétai­re d’un dépanneur. Ils se trouvent devant une caisse qui rappelle au commis que des produits requièrent que l’acheteur soit âgé d’au moins 18 ans.

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